Fraude au clavier : La performance des salariés se mesure t-elle aux clics de souris ?

Avec l’été, les jeux olympiques et le télétravail, les entreprises redoutent un nouveau phénomène majeur : celui de la fraude au clavier et à la souris. C’est ce qu’il est ressorti d’un sondage de Harvard Business Review* et qui relate que de nombreuses entreprises américaines, craintives quant à la productivité de leurs salariés à distance, ont alors installé des logiciels et outils espions sur leurs ordinateurs, afin de monitorer leur activité.

Julien Rio
Par Julien Rio Publié le 6 août 2024 à 5h00
semaine, 4 jours, tpe, patrons, france
36%36% des salariés vérifient l’équilibre vie professionnelle-personnelle avant de rejoindre une entreprise

Ces logiciels, certains capturant la pression des touches du clavier, d’autres les mouvements de la souris ou d’autres, encore, prenant des captures d’écran aléatoires, n'ont rien de nouveau. Certaines industries, telles que celle des Assistants Virtuels, en font usage depuis de nombreuses années. La nouveauté, c’est que le phénomène semble s’étendre et pas forcément de manière ouverte et transparente.

Mais comme les hackeurs se réinventent à chaque mise à jour de sécurité, les tricheurs le font aussi lorsqu’ils se sentent traqués. De nouvelles technologies émergent, proposant de bouger la souris automatiquement, de presser aléatoirement des touches du clavier ou de changer de tab dans le navigateur.

Mais la productivité et l’efficacité d’un employé se mesure-t-elle en clics de souris ? Encourager ses équipes à devenir inventifs pour détourner les règles plutôt que de faire croître l’entreprise a-t-elle du sens ?

Un problème de confiance

Ce nouveau phénomène reflète une véritable crise de confiance dans le milieu du travail et notamment sur l’approche du télétravail et de la productivité. Au cœur du débat, la question de savoir si l’employé est rémunéré pour ses heures de travail, ou pour ce qu’il doit produire. Si le critère de réussite est le présentéisme, effectivement, la traque aux clics prend tout son sens. Mais si l’objectif est l’efficacité, vient alors la question du bien être des salariés.

Une étude menée par OpinionWay, en octobre 2022, révèle que 100% des salariés considérant leur environnement de travail très empreint de sécurité psychologique sont dans une organisation performante. Ces chiffres, comme ceux de nombreuses autres études, semblent lier l’idée de bien-être au travail à celle de la performance. Se pourrait-il alors que créer un environnement dans lequel les employés peuvent s’épanouir serait un meilleur terreau à une croissance efficace ?

Les pré-requis à la confiance

La confiance ne se demande pas, elle se mérite. Mais comment la mériter ? Comment l’évaluer, la mesurer ?

Un pré-requis essentiel pour une relation managériale réussie est de définir un ensemble d’objectifs. Que l’on parle de KPIs chiffrés ou d’OKRs basés sur l’accomplissement de projets, le premier élément majeur de la confiance est très concret : s’entendre sur des objectifs clairs, mesurables, atteignables et datés. Avec cette approche, la relation entre le manager et son équipe change complètement - on parle désormais d’objectifs à atteindre, et non plus d’heures à pointer.

La technologie au service du bien être

La technologie, comme tout outil, peut être utilisée à des fins positives ou négatives. Une fois que l’on a créé une relation de confiance, on peut passer d’une stratégie de bâton (j’utilise la technologie pour traquer tes faits et gestes) à une stratégie de carotte (je déploie une technologie qui va t’aider, te permettre d’atteindre tes objectifs tout en respectant ta vie privée).

L’employeur peut dès lors délaisser sa traque de mouvements de souris et offrir, à la place, des outils bienveillants. Par exemple, les outils de communication et de collaboration en 2024 permettent de mieux collaborer, de chez soi comme du bureau, et d’intégrer tout le monde. Que cela soit en affichant des sous-titres automatiques pour mieux suivre une conversation et être véritablement inclusif, en rendant disponible un tableau virtuel simplifiant les sessions de brainstorming collaboratives, ou encore en créant des résumés automatiques de réunions les rendant plus efficaces et plus succinctes, la technologie peut véritablement aider le collaborateur.

Mais cela va plus loin ! Avec l'avènement de l’IA, les messageries d’équipes peuvent désormais retravailler les messages, les rendre plus clairs, plus concis, plus efficaces et éviter beaucoup de malentendus et de pertes de temps, créateurs de conflits, de mal-être et de baisse de productivité.

Et cela ne s’arrête pas là. La technologie, en plus de rendre vos salariés plus productifs, peut aussi maximiser leur bien-être et renforcer la séparation vie-professionnelle vie-privée, souvent moins claire dans un contexte de télétravail. La même étude de OpinionWay révèle que 36% des salariés vérifient l’équilibre vie professionnelle-personnelle avant de rejoindre une entreprise, alors que selon une autre étude réalisée par BVA Opinion, 52% des futurs travailleurs considèrent que leur bien-être dépend de cet équilibre.

Comment y remédier ? La technologie permet désormais de mieux collaborer tout en respectant les limites de chacun, notamment en offrant des outils informant les équipes du statut personnalisé de chaque employé (en réunion, disponible, au téléphone, en télétravail, à la plage, etc.), de se mettre automatiquement en “DND” (Do Not Disturb, mode dans lequel les notifications sont désactivées et les appels redirigés pour permettre une véritable déconnexion) en dehors des heures de travail ou pendant les congés.

Avec toutes ces nouvelles fonctionnalités qui améliorent la collaboration de n’importe où, les entreprises vont devoir choisir entre une approche basée sur la confiance et le bien-être ou sur la traque à la productivité et l’encouragement du présentéisme, même à distance.

Julien Rio

Membre du CMIT et certifié CCXP (Certified Customer Experience Professional), Julien Rio a plus de 10 ans d’expérience internationale en Marketing et Relation Client à travers de multiples industries B2B et B2C. En tant qu'AVP du marketing international de RingCentral, Julien œuvre pour aider les entreprises à collaborer plus efficacement et à mieux répondre aux attentes de leurs clients. Auteur et blogueur, Julien écrit régulièrement au sujet de l’expérience client et du marketing.

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