La Sécurité sociale française fait face à un risque majeur : un dépassement des dépenses de soins de ville. Un comité d’experts tire la sonnette d’alarme sur une possible aggravation du déficit budgétaire. Que se passe-t-il exactement et quelles en sont les implications pour l’avenir de notre système de santé ?
Dépenses de santé en hausse : la Sécurité sociale peut-elle tenir ?
Sécurité sociale : une progression inquiétante des dépenses de soins de ville
Les dépenses de soins de ville connaissent une hausse alarmante. Le budget initialement prévu pour 2024 par la Sécurité sociale, fixé à 108,4 milliards d'euros, est déjà dépassé. En effet, les six premiers mois de l'année montrent une augmentation de +5,7 % par rapport à 2023, dépassant de 1,5 point l'objectif fixé de +4,2 %. Ce dépassement concerne plusieurs postes, dont la biologie médicale, les transports de patients et les honoraires des médecins spécialistes. Cette tendance, si elle se poursuivait, pourrait creuser le déficit de la Sécurité sociale de 500 millions d'euros supplémentaires d'ici à la fin de l'année.
Plusieurs facteurs expliquent ce dérapage des dépenses. D'abord, l'augmentation des franchises à la charge des patients pour les médicaments et les consultations, mise en place en avril et mai, a généré des recettes supplémentaires. Ensuite, la revalorisation des tarifs des médecins libéraux, récemment négociée, contribue également à cette hausse. De plus, l'augmentation générale du volume des prises en charge médicales accentue cette dynamique de dépenses. Ces éléments conjugués rendent difficile le maintien du budget dans les limites prévues par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS).
La privatisation partielle du système de santé : est-ce plausible ?
Face à ce dépassement des dépenses, la Sécurité sociale dispose de réserves financières, mais celles-ci sont jugées insuffisantes. La réserve allouée aux soins de ville est de 350 millions d'euros, ce qui est loin de compenser le potentiel milliard de dérapages prévu pour la fin de l'année. De plus, les hôpitaux publics, déjà en déficit, nécessitent également des financements supplémentaires, avec une rallonge de 170 millions d'euros accordée aux établissements privés lucratifs.
Cette situation alarmante pousse certains à envisager des solutions radicales, comme la privatisation partielle du système de santé. Un sondage CSA-Havas Red Health révélé par La Tribune en avril 2024 révèle que 60 % des Français considèrent cette option comme envisageable. Ils expriment une volonté de réforme face à une gestion actuelle jugée insuffisante. Selon Julie Gaillot, directrice du pôle society chez CSA, les Français souhaitent un changement, reflétant un désir de sortir de l'impasse actuelle. Le comité d'experts rendra un troisième avis sur l'évolution des dépenses de l'assurance maladie « le 15 octobre 2024 » au plus tard.