Santé : les limites des drones porteurs de défibrillateurs

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Par Thibault Antoine-Pollet Publié le 20 juillet 2024 à 9h30
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20%Avec un défibrillateur utilisé 10 min après un avc les chances de survie sont augmentées de 20%

En quoi les drones porteurs de défibrillateurs perdent-ils un temps précieux dans les situations d'urgence ?

Il faut imaginer la procédure. Un témoin d’arrêt cardiaque devra appeler un numéro d’urgence, le 112 ou le 15 par exemple. Ce service d’urgence devra qualifier l’appel puis décider de l’envoi d’un drone. Or le temps de traitement d’un appel de secours est actuellement, selon le ministère de l’intérieur de 2m28s en moyenne (1) . En ajoutant le temps de mobilisation du pilote et le temps de vol il est très probable que le défibrillateur arrivera bien trop tard.

L’expérimentation faite en Suède a d’ailleurs montré que seules 67% des interventions par drone sont plus rapides que le déplacement d’un véhicule (2). On parle donc au total de dizaines de minutes alors que l’espérance de vie d’une victime d’arrêt cardiaque n’est que de quelques minutes. Il est ainsi préférable de s’appuyer sur un défibrillateur présent à proximité

Comment les conditions météorologiques affectent-elles la fiabilité des drones pour les interventions médicales ?

Les drones n’aiment pas le vent, la pluie et à fortiori la neige, le froid mais aussi les chaleurs trop fortes. La plupart des défibrillateurs ne peuvent être utilisés en dehors de la plage de température 0-40° Celsius. Et même en limite de cette plage les performances de vol sont très réduites.

De plus, il est à ce jour interdit de faire voler un drone de nuit et les pilotes auront probablement du mal à les manœuvrer dans le brouillard. Il y a donc lieu de s’interroger sur l’opportunité de créer un espoir et mettre en place une structure technique et organisationnelle très lourde et couteuse qui ne sera pas très souvent disponible et ne permettra, dans la plupart des cas, une intervention dans les temps.

Ǫuels sont les défis liés à la réalité du terrain pour l'utilisation des drones défibrillateurs ?

Le drone ne pourra pas voler si un lien radio avec le pilote et un accès aux satellites GPS ne sont maintenus en permanence. La présence de toute obstacle, comme un bâtiment, créera un risque. De plus, la position de la victime devra être connue précisément. Devra-t’on perdre de précieuses minutes à récupérer les coordonnées GPS précises, ce qui n’est pas garanti en dehors d’un milieu parfaitement ouvert, alors qu’il est essentiel de poser le défibrillateur le plus rapidement possible ? Comment transmettre sans erreur des coordonnées complexes, comme celles de notre siège : 43.47937, 5.38097 ?

De plus, de nombreuses zones sont interdites de survol (agglomérations, aéroports, zones militaires, parcs naturels etc.) ou doivent être évitées à cause des interférences électromagnétiques par exemple.

Enfin, la zone d’atterrissage ou de largage du défibrillateur devra être suffisamment libre : prendrait-on le risque d’intervenir près d’une autoroute, d’une école ou d’une ligne électrique ?

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  1. Les statistiques des services d’incendie et de secours 2022 / Sécurité civile / Statistiques / Publications - Ministère de l'Intérieur (interieur.gouv.fr)

  2. Drone delivery of automated external defibrillators compared with ambulance arrival in real-life suspected out-of-hospital cardiac arrests: a prospective observational study in Sweden - The Lancet Digital Health

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PDG de la société Locacoeur.

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