Boeing et Airbus se partagent Spirit Aerosystems

Boeing a annoncé le rachat de son ex-filiale, devenue indépendante, l’équipementier Spirit Aerosystems, en graves difficultés financière à la suite des déboires de la gamme Boeing 737 MAX. Mais, si Boeing restait le principal client de l’équipementier, il avait également développé des offres auprès d’autres compagnies, notamment Airbus, dont il était devenu un fournisseur stratégique. Refusant de dépendre de son « principal concurrent », l’avionneur européen a racheté les activités de l’équipementier stratégiques pour lui.

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Par Rédacteur Publié le 16 juillet 2024 à 5h00
Boeing
4,7 MILLIARDS $Spirit Aerosystems sera valorisée 4,7 milliards de dollars.

Le 737 MAX est-il en train de plomber Boeing ? L’avionneur américain souffre profondément des déboires de cette gamme d’avion, impliquée dans deux catastrophes mortelles en Malaisie et en Éthiopie, en 2018 et 2019. Interdits de vol pendant de long mois, les 737 MAX souffrent encore de problèmes techniques récurrents. Dernier épisode en date : en janvier 2024, un Boeing 737 MAX-9 subit, au décollage, l’arrachage d’un hublot. Un spectaculaire accident, qui force à l’avion à atterrir, sans dommage, cette fois, pour les passagers.

Plombé par le 737 MAX, Spirit Aerosystems revient dans le giron de Boeing

Ces soucis ont, en tout cas, eu raison de Spirit Aerosystems, un équipementier aérien, ancienne filiale de Boeing, devenu indépendant en 2005, quand l’avionneur américain avait pris le virage de l’externalisation. En mars 2024, l'Agence américaine de l'aviation (FAA) avait pointé chez Boeing et Spirit AeroSystems des « problèmes de non-conformité dans le processus de contrôle de fabrication, la manipulation et le stockage des pièces détachées et le contrôle de la production ».

Endetté à hauteur de 8,3 milliards de dollars (7,7 milliards d’euros), Spirit AeroSystems était au bord du gouffre. Ses deux principaux clients, Boeing et Airbus, fortement dépendant de lui, n’avaient guère d’autres choix que de se le partager. C’est Boeing, qui génère 60 % des revenus de Spirit AeroSystems, qui va racheter l’essentiel des activités de l’équipementier.

Airbus refuse de dépendre de son « principal concurrent »

L’opération s’effectuera exclusivement en actions, au prix de 37,25 dollars (34,63 euros) par titre, valorisant Spirit AeroSystems à 4,7 milliards de dollars (4,37 milliards d’euros). « Nous pensons que cet accord est dans le meilleur intérêt des voyageurs, de nos clients, des employés de Spirit et Boeing, de nos actionnaires et de notre pays plus généralement », a commenté Dave Calhoun, le patron de Boeing.

Mais, depuis qu’il avait acquis son indépendance, l’équipementier avait diversifié son activité, et était progressivement devenu un fournisseur stratégique pour

Airbus, pour lequel il produit notamment des éléments d'ailes. En avril 2024, quand le rachat de SpiritAerosystems par Boeing est devenu une hypothèse probable, le président exécutif d'Airbus Guillaume Faury avait indiqué qu’il ne souhaitait pas que des pièces d’avion importantes soient fourni par son « principal concurrent ».

Stabilité de l'approvisionnement

L’avionneur européen va donc prendre le contrôle des activités de Spirit AeroSystems stratégiques pour lui, notamment la production de sections de fuselage de l'A350 située à Kinston (Caroline du Nord) et à Saint-Nazaire (France), des ailes et du fuselage central de l'A220 à Belfast (Irlande du Nord) et à Casablanca (Maroc), et des pylônes de l'A220 à Wichita (Kansas).

« Avec cet accord, Airbus entend assurer la stabilité de l'approvisionnement de ses programmes d'avions commerciaux grâce à une évolution plus durable, tant sur le plan opérationnel que financier, des différents lots de travaux d'Airbus dont Spirit AeroSystems est aujourd'hui responsable », a déclaré l'avionneur européen dans un communiqué.

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