Il s'agit de la plus grosse opération financière jamais effectuée par une société chinoise, dans l'univers du high tech. Le chinois Lenovo Group a annoncé mercredi le rachat à Google de sa division Motorola Mobility.
Après avoir annoncé la semaine dernière le rachat des serveurs d'entrée de gamme d'IBM pour 2,3 milliards de dollars, Lenovo parfait sa panoplie de constructeur high tech en s'offrant les téléphones portables Motorola, détenus jusque là par Google.
Lenovo veut rendre sa rentabilité à Motorola
Le but de Lenovo est bien de remettre Motorola sur les rails de la rentabilité. Avec les téléphones Motorola, le groupe chinois espère de plus devenir à moyen terme un acteur majeur du secteur high tech aux Etats-Unis et en Amérique latine. Lenovo espère particulièrement percer le marché américain, déjà très concurrentiel, et dominé jusqu'alors par Apple.
Jean-Louis Constanza, directeur de l'innovation chez Criteo, une entreprise de reciblage publicitaire, partage une opinion semblable. "Lenovo achète pour pas trop cher une marque légendaire, qui devrait pouvoir leur permettre de booster leurs ventes aux Etats-Unis, où les marques chinoises ne percent que très lentement, et où Motorola reste l'autre grande marque nationale." explique-t-il.
Google marche grâce à la publicité, pas grâce à ses terminaux
Depuis 2012, la date de rachat de Motorola par Google, la marque n'avait pas réussi à revenir sur le devant de la scène. Le géant américain s'était payé Motorola pour 12,5 milliards de dollars, et s'apprête à le vendre à près de 3 milliards à l'un des trois premiers fabricants de téléphones portables chinois. Google gardera néanmoins la majorité des brevets mobiles de Motorola.
Jean-Louis Constanza explique cette vente de la manière suivante. ""Google est une fantastique entreprise, mais son chiffre d'affaires se fait encore à 95% sur la publicité. Android est partout, mais ne représente pas de valeur directe. Fabriquer des devices - des objets-, ça reste un autre challenge. Les Google TV n'ont pas encore bien marché, les téléphones Nexus ou les ordinateurs portables Chrome restent confidentiels malgré leur grande qualité. Personne ne peut dire comment Google peut y arriver, et, d'ailleurs, si c'est réellement nécessaire."
La guerre des constructeurs chinois
L'opération doit maintenant recevoir l'aval des autorités américaines et chinoises. Dans les faits, Lenovo financera cette transaction par 660 millions de dollars cash, 750 millions de dollars d'actions ordinaires, et par un billet à ordre de trois ans de 1,5 milliard de dollars. Pour Jean-Louis Constanza, ce rachat est assez normal. "Dans la guerre colossale que se livrent les constructeurs chinois, qui montent en valeur, c'est un mouvement naturel" conclue-t-il.