Emploi et climat : comment la transition verte redessine le marché du travail

Les tensions actuelles sur les marchés du travail de l’OCDE

Les marchés du travail de l’OCDE sont caractérisés par une dynamique intense post-pandémie, marquée par un taux de chômage historiquement bas à 4,9 % en mai 2024. L’emploi total a même dépassé les niveaux d’avant la pandémie de COVID-19, mais des tensions subsistent. Selon le rapport Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2024, la croissance du travail ralentit et les salaires réels ont retrouvé leurs niveaux de 2020 dans seulement 19 des 35 pays membres de l’OCDE.

Malgré une reprise significative des salaires réels en 2022 et au premier semestre de 2023, les inégalités salariales persistent. La croissance des salaires a été plus soutenue au bas de l’échelle de distribution, notamment grâce à des augmentations nominales du salaire minimum pour soutenir les travailleurs les moins bien rémunérés durant la flambée inflationniste récente. Par ailleurs, les écarts de taux d’activité entre les genres se réduisent, avec une hausse notable du taux d’emploi des femmes.

Impacts de la transition climatique sur l’emploi

La transition climatique devrait entraîner une restructuration profonde des marchés du travail. Les programmes ambitieux de lutte contre le changement climatique, visant la neutralité carbone d’ici 2050, modifieront radicalement les dynamiques de l’emploi. Selon Mathias Cormann, Secrétaire général de l’OCDE, « la transition climatique entraînera un déclin des secteurs à forte intensité d’émissions au profit des nouveaux débouchés qu’offrent les emplois portés par la transition verte ».

À court terme, les effets de la transition climatique sur l’emploi seront globalement limités. Cependant, à moyen et long terme, des bouleversements considérables sont attendus. Les secteurs à forte intensité d’émissions, représentant 80 % des émissions de gaz à effet de serre mais seulement 7 % des emplois, verront de nombreux postes disparaître. En revanche, de nombreux emplois seront créés dans les activités à faibles émissions, qui se développent rapidement.

Défis et opportunités des emplois portés par la transition verte

Environ 20 % des actifs de la zone OCDE exercent déjà une profession portée par la transition verte. Ces emplois, contribuant directement ou indirectement à réduire les émissions de gaz à effet de serre, sont souvent mieux rémunérés que la moyenne lorsqu’ils sont hautement qualifiés. Cependant, les emplois moins qualifiés dans ce secteur sont souvent de moindre qualité et moins attractifs.

La transition climatique pose également des défis en termes de mobilité professionnelle. Les travailleurs des secteurs à forte intensité d’émissions subissent des pertes de revenus importantes après des licenciements collectifs, notamment les hommes, majoritairement employés dans ces secteurs. De plus, les femmes, sous-représentées dans les disciplines STIM, pourraient rencontrer des difficultés à profiter des emplois hautement qualifiés portés par la transition verte.

Rôle des pouvoirs publics dans l’accompagnement des transitions professionnelles

Les pouvoirs publics ont un rôle crucial à jouer pour faciliter les transitions professionnelles et accompagner les travailleurs vers les nouveaux postes verts. Ils peuvent intervenir en proposant des programmes de formation efficaces, des aides ciblées liées à l’exercice d’un travail, comme des régimes de subvention salariale limités dans le temps, et en favorisant l’innovation et l’entrepreneuriat dans les secteurs durables.

Les pouvoirs publics, les entreprises et les travailleurs doivent se préparer à ces changements en adoptant des stratégies proactives pour s’adapter aux nouvelles réalités économiques et environnementales. Les défis sont nombreux, mais les opportunités offertes par une transition verte réussie sont considérables pour un avenir durable et inclusif.