Nouveau rebondissement dans le serpent de mer qui agite l’actualité économique française depuis plusieurs années : l’offre de « restructuration financière » validée par Atos le 11 juin 2024, menée par le consortium Onepoint, est désormais caduque.
Reprise d’Atos : Onepoint renonce
Le groupe de David Layani a perdu le soutien de ses deux partenaires financiers, le fonds Butler Industries et la société Econocom. Le géant français de l’informatique a repris les négociations avec le SteerCo, le comité consultatif de ses créanciers obligataires. Le milliardaire tchèque Daniel Křetínský, écarté au dernier moment au profit de Onepoint, est également revenu dans la danse, par le biais de son fonds EP Equity Investment (EPEI). Endetté de près de 5 milliards d’euros, Atos tente depuis deux ans de trouver de l’argent frais ou des repreneurs partiels ou globaux, mais multiplie les revers. L’État français pourrait se porter acquéreur de ses activités souveraines et stratégiques.
Atos est dans une situation catastrophique depuis plusieurs années, avec un niveau de dette atteignant 4,8 milliards d’euros, et des activités historiques dans l’infogérance en déficit chronique. Depuis trois ans, le groupe tente de trouver une solution pour rétablir la situation. Il a envisagé une scission en deux entités, séparant les activités dans les hautes technologies, rentables et en croissance, des activités historiques.
Vers une restructuration financière d’Atos avant le 22 juillet 2024
Des repreneurs se sont présenté pour tout ou partie du périmètres des deux entités ainsi créé. Airbus est entré en négociation exclusive pour racheter d’abord la branche dédié aux activités en croissance, puis la seule cybersécurité. Mais aucune offre n’a abouti.
Aujourd’hui, la tendance est à une « restructuration financière » de l’ensemble de l’entreprise, par un repreneur effaçant la dette en apportant de l’argent frais pour faire face aux dépenses courantes. Atos doit finaliser cette restructuration d’ici le 22 juillet 2024, et elle provoquera une dilution de l’actionnariat actuel à moins de 0,1 %. L’action Atos ne vaut aujourd’hui presque plus rien. En 2020, son cours atteignait environ 80 euros. Courant juin 2024, il est tombé sous la barre des un euro.
Le consortium Onepoint, choisi comme repreneur, renonce
Atos devait choisir son repreneur le 5 juin 2024, mais l’absence d’accord entre les créanciers a repoussé cette annonce au 11 juin 2024. Le conseil d’administration a finalement choisi un consortium mené la société Onepoint, spécialiste français de la transformation numérique et actionnaire à hauteur de 11 % d’Atos. Son PDG David Layani disposait du soutien du fonds Butler Industries et du géant français de la transformation numérique Econocom, et regroupait aussi un groupe de créanciers du groupe français.
Mais, ce 26 juin 2024, nouveau rebondissement : Atos confirme la fin des négociations avec Onepoint, après le retrait de Butler Industries et d’Econocom, rendant la proposition intenable financièrement. Atos a donc rouvert les négociations avec le comité représentatif de ses créanciers obligataires, SteerCo, qui avait rallié en majorité l’offre de Onepoint.
Daniel Křetínský revient dans la course
Le fonds EP Equity Investment (EPEI) du milliardaire Daniel Křetínský, écarté de justesse le 11 juin 2024 au profit de Onepoint, a, de son côté, « réitéré son intérêt pour participer à sa restructuration financière ». Il s’était déjà porté acquéreur en 2023 de la branche TechFoundations d’Atos, dédié aux activités historiques d’Atos, mais les négociations avaient tourné cours.
Libéral et europhile convaincu, Daniel Křetínský a multiplié les acquisitions médiatiques en France, notamment pour soutenir sa vision du monde. Actionnaire du Monde pendant 5 ans, il contrôle aujourd’hui le numéro 2 français de l’édition, Editis (Nathan, Julliard, Plon, Le Cherche Midi, Robert Laffont, 10/18, Presses de la Cité, XO et Pocket), la presse magazine anciennement détenue par Lagardère (Elle, Télé 7 Jours, France Dimanche, Ici Paris et Public), ainsi que l’hebdomadaire Marianne, Usbek & Rica et Franc-Tireur.
Fin mars 2024, Daniel Křetínský a également officiellement mis la main, avec Marc-André Ladreit de Lacharrière et le fonds d'investissement Attestor, sur le groupe Casino, avec à la clé une restructuration financière, un effacement de la dette, une revente de la quasi-totalité des supermarchés et hypermarchés à Intermarché, Auchan et Carrefour et un plan social de grande ampleur.