Bientôt des taux d’intérêt négatifs à la Banque Centrale Européenne ?

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Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 13 février 2014 à 11h07

Oui vous avez bien lu : demain, 100 euros déposés à la Banque Centrale Européenne pourraient bien devenir 99,50 ou 99 euros un an plus tard. C'est ce que les financiers appellent dans leur jargon obscur un "taux de dépôt négatif". C'est Benoit Coeuré, membre du directoire de la BCE, qui a levé le lièvre cette semaine, évoquant la possibilité pour la Banque Centrale Européenne de ne plus rémunérer les comptes de dépôt - utilisés par les banques comme la votre par exemple, pour mettre l'argent à l'abri )..

Jusqu'ici, le taux d'intérêt servi par la BCE était de 0,25 %. Mais dans un futur proche, il pourrait tomber à 0 %, voire donc, être inférieur à zéro, ce qui signifie que cela coûtera de l'argent à ceux qui en déposent à la BCE ! Deux interprétations à cette annonce qui n'a encore rien de définitive ni même d'officielle. La première, pessimiste, consiste à admettre que les grandes banques, celles qui peuvent placer leur argent à la BCE, sont prêtes à ne pas être rémunérées pour cela, voire pourraient accepter de perdre un peu. Pourquoi ? Pardi, parce que la BCE, c'est un peu le fort Knox de la finance européenne, la dernière place forte où l'argent se trouve à l'abri ! Rappelons au passage que tout cela ne se fait pas avec des camions blindés qui fileraient à Francfort, au siège de la BCE, mais par un bête transfert électronique, puisque l'essentiel de l'argent en circulation entre banques est virtuel. On place son argent à la BCE car une banque centrale ne fait pas faillite, alors que l'argent qui se trouve sur un compte chez une banque "amie" peut partir en fumée du jour au lendemain si la banque en question fait faillite...

Des taux d'intérêt négatifs pour faire fuir l'argent

Mais il y a une autre interprétation à cette hypothèse, décrite par Benoit Coeuré comme "très sérieuse", hypothèse dont le gouverneur de la BCE, Mario Draghi, a également parlé à plusieurs reprises. Il s'agit évidemment de forcer les banques à faire circuler l'argent dont elles disposent, et l'injecter dans l'économie réelle. Cela veut dire, prêter, enfin, à ceux qui en ont besoin, les entreprises comme les particuliers. Pas pour boucher des trous, mais pour investir, évidemment.

En mai 2012, plus de 800 milliards d'euros avaient été mis au chaud par les banques commerciales sur les comptes de la BCE, rémunérés à 1 %. De l'argent... prêté par la BCE aux mêmes banques, pour qu'elles l'injectent dans l'économie réelle ! Sur les 1000 milliards prêtés (et créés artificiellement) par la BCE, les 4/5 étaient donc revenus au bercail. Aujourd'hui, on nous dit que la BCE n'abrite qu'une cinquantaine de milliards d'euros appartenant aux banques commerciales. Si c'est exact, chasser cet argent en ne rémunérant plus les dépots ne changera pas grand chose. Mais on peut aussi envisager qu'il y ait quelques dizaines (ou centaines ?) de milliards planqués dans les comptes éléctroniques de la BCE et qui seraient bien utiles dans l'économie réelle !

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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