Le ministère de la Santé espère pouvoir généraliser le tiers-payant chez le médecin d'ici 2017. De leur côté les généralistes refusent toute charge administrative supplémentaire. Un exercice de haut-vol pour Marisol Touraine qui doit faire face à la complexité du système de remboursement des soins, entre l'assurance maladie et les régimes complémentaires…
La ministre bénéficie toutefois de l'aval de l'IGAS, l'Inspection générale des affaires sociales. Cette dernière est favorable à l'élargissement du dispositif d'avance des frais, même si cela implique de nombreuses évolutions du système de remboursement des soins.
D'ici 2017, un patient n'aurait plus à avancer les frais des consultations
L'idée de base serait donc que chaque patient n'ait pas à avancer le montant des soins en se rendant chez son médecin. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Vous avancez la somme, et l'assurance-maladie vous rembourse 70 % du montant, le reste étant à la charge de votre complémentaire santé, ou mutuelle, si vous en possédez une.
Marisol Touraine veut changer ce système. L'idée date même de septembre dernier. La généralisation du tiers payant, elle en avait fait la clé de voûte de sa stratégie nationale de santé, avec, en filigrane, l'égal accès aux soins pour tous dès 2017. La ministre avait alors confié à l'IGAS la rédaction d'un rapport sur le sujet, un rapport rendu par l'institution en fin de semaine dernière.
Une tâche difficile à orchestrer avec les 109 000 médecins libéraux de France
Dans les faits, l'IGAS estime l'idée très positive "pour l'ensemble des assurés". Cependant la tâche n'est pas simple. En 2012, ce sont pas moins de 109 981 médecins généralistes et spécialistes qui ont facturé près de 523 millions d'actes, dont 475 millions pour les assurés du régime général. Des chiffres qui donnent la mesure du chantier…
L'IGAS préconise la mise en place d'une généralisation volontaire, qui devrait entraîner chez les médecins une généralisation de fait. Sous-entendu, il faut proposer aux médecins de mettre en place ce système sachant qu'une fois la machine lancée, les récalcitrants n'auront d'autre choix que de s'y mettre…
Tiers-payant : les praticiens hostiles à tout changement
Les médecins semblent pour l'instant hostiles à une telle pratique. A l'image du syndicat de généralistes MG, qui affirme qu'il "n'acceptera aucune charge administrative qui serait reportée sur les médecins". De plus, il existe plus de 400 régimes complémentaires en France, ce qui représente évidemment un travail administratif de titan pour un praticien…
Assurance-maladie : une modification en profondeur des flux de paiement
Enfin, le principal souci reste encore la mise en place de nouveaux flux de paiement, pour que le médecin puisse être rémunéré par la Sécurité sociale et la mutuelle, alors qu'il se fait payer actuellement directement par le patient. Reste enfin la question de la franchise d'un euro, à la charge du patient lors d'une consultation. L'IGAS préconiserait un prélèvement sur le compte de l'assuré.
De nombreuses questions qui inquiètent aujourd'hui les praticiens, qui estiment majoritairement que ce rapport n'est qu'un "écran de fumée" qui devrait accoucher d'un système "aux dépends des médecins, techniquement impraticable"...