Jeux Olympiques 2024 : où est l’alimentation équitable ?

L’alimentation équitable, bien que soutenue par de nombreuses initiatives à travers le monde, peine encore à trouver une place prépondérante en France. Ce constat est particulièrement frappant à l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, où les promesses de responsabilité et d’inclusivité ne se sont pas traduites par des engagements clairs envers le commerce équitable.

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Par Léopold Aubin Publié le 29 juin 2024 à 11h30
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Des jeux responsables, mais une alimentation équitable négligée

Alors que Londres 2012 avait montré la voie en intégrant des produits certifiés équitables dans l’approvisionnement des Jeux, Paris 2024 semble avoir raté cette opportunité. L’ONG Max Havelaar France, spécialisée dans la promotion du commerce équitable, a salué la volonté d'inclusivité du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques (COJO), mais a regretté l’absence de critères ambitieux pour intégrer ces produits.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : malgré une augmentation de 4 % des ventes de produits labellisés Fairtrade / Max Havelaar France en 2023, et des engagements significatifs de certaines collectivités et États (comme l’Italie qui a rendu obligatoires les bananes et le cacao équitables dans la commande publique), Paris 2024 n'a pas suivi cette voie. La Ville de Paris, elle-même, s’est fixée un objectif de 100 % de cacao et bananes équitables d’ici 2026, mais cet engagement ne s’est pas traduit dans l’organisation des Jeux.

Les défis et les priorités du COJO

Le COJO a mis l'accent sur l'approvisionnement local et durable, en privilégiant les produits français et le bien-être animal. Les Jeux Olympiques de Paris 2024 promettent des produits laitiers, du vin, des céréales et de la viande 100 % français, des œufs issus d’élevage en plein air et une pêche durable. Cependant, le commerce équitable reste une option et non une obligation, contrairement à Londres 2012 qui avait fait de la certification équitable une norme obligatoire pour tous les produits importés des pays du Sud.

Une absence de critères clairs pour les produits importés

Pour les produits importés, la charte de Paris 2024 exige une certification, mais sans spécifier de critères précis. À une époque où l’Union européenne combat le greenwashing et cherche à améliorer la qualité des informations fournies aux consommateurs, il aurait été souhaitable que Paris 2024 adopte des critères plus rigoureux. Cette absence de clarté laisse place à des démarches internes des entreprises, parfois insuffisamment indépendantes, réduisant ainsi l'impact potentiel du commerce équitable.

L'éthique textile, un autre échec

Le secteur textile des Jeux Olympiques de Paris 2024 illustre aussi ce manque d’engagement envers le commerce équitable. Malgré les dénonciations croissantes de la fast fashion et ses impacts négatifs, le COJO n’a pas imposé de normes éthiques strictes ni de coton équitable pour habiller les athlètes et les bénévoles. La fabrication en France a été privilégiée, mais elle ne couvre qu'une petite partie des volumes nécessaires. Les mauvaises conditions de travail et les salaires bas des pays producteurs (Bangladesh, Inde, Chine…) demeurent une réalité préoccupante, ignorée par l’organisation des Jeux.

Un manque de sensibilisation et d'engagement politique

En France, la faible consommation de produits équitables s’explique par un manque de sensibilisation et un engagement politique insuffisant. Bien que les crises agricoles aient mis en lumière la précarité des agriculteurs, et que les consommateurs français soient de plus en plus sensibilisés aux enjeux éthiques, les initiatives politiques tardent à se concrétiser en actions concrètes et ambitieuses. La priorité accordée aux produits locaux, bien que louable, ne devrait pas se faire au détriment des produits équitables qui garantissent une rémunération juste aux producteurs des pays en développement.

Alors que des exemples comme Londres 2012 montrent qu’une autre voie est possible, la France semble encore hésitante à embrasser pleinement les principes du commerce équitable. Pour que l’alimentation équitable trouve enfin sa place en France, il est crucial que les engagements politiques et les initiatives citoyennes se renforcent et convergent vers des actions concrètes et ambitieuses.

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