En mai, les épargnants français ont placé 1,26 milliard d’euros sur leur Livret A, selon les chiffres publiés par la Caisse des Dépôts. Ce montant est en baisse par rapport aux 2,47 milliards d’euros enregistrés à la même période l’année précédente. Néanmoins, ce chiffre reste proche des niveaux moyens historiques.
Livret A, LDDS : l’épargne revient à une certaine normalité
« Le mois de mai s'inscrit dans le prolongement des premiers mois de l'année, » explique Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne, aux Échos. Cette diminution de la collecte s'explique en grande partie par la fin de la vague inflationniste qui avait poussé les épargnants à renforcer leur épargne de précaution.
Une collecte en baisse depuis le début de l'année
Depuis le début de l'année, la collecte cumulée sur le Livret A atteint 8,9 milliards d'euros, soit près de trois fois moins qu'il y a un an. En 2023, face à un environnement économique incertain, les investisseurs avaient privilégié l'épargne réglementée. La hausse de la rémunération du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) de 2 % à 3 % en février 2023 avait attiré de nombreux épargnants, inquiets de l'inflation et de la hausse des taux.
En mai 2023, la collecte combinée des Livrets A et LDDS s'élevait à 3,52 milliards d'euros, contre 1,87 milliard cette année, soit une baisse de 42 %. Malgré cette diminution, le niveau de collecte reste proche de la moyenne des dix dernières années. « Le rythme de collecte n'est pas négligeable, » souligne Philippe Crevel. « Les Français ne puisent pas dans leur bas de laine mais font un peu moins d'efforts. » Avec une inflation en baisse, la pression pour se constituer une épargne de précaution s'est allégée pour de nombreux ménages.
L'impact de la crise politique sur l'épargne
Pour les ménages les plus modestes, éligibles au Livret d'épargne populaire (LEP), la tendance est à la décollecte. En mai, 400 millions d'euros ont été retirés de ces comptes, après des retraits de 300 millions d'euros le mois précédent. Cependant, au cours des trois premiers mois de l'année, 4,3 milliards d'euros avaient été collectés, grâce à un taux attractif fixé à 5 % par Bercy pour protéger le pouvoir d'achat des ménages modestes. Mais selon Philippe Crevel, « l'effet taux ne suffit plus pour cette population qui peut avoir des problèmes de trésorerie en fin de mois. »
Le comportement des épargnants français pourrait encore évoluer en fonction de plusieurs facteurs. En août, une nouvelle baisse du taux du LEP est prévue, conformément à la formule de calcul en vigueur. L'incertitude politique, notamment la dissolution de l'Assemblée nationale et la tenue de nouvelles élections législatives, pourrait également influencer les décisions d'épargne. « En règle générale, lorsqu'ils subissent un choc, les Français ont un réflexe : plus d'argent liquide et plus d'épargne de précaution, » rappelle Philippe Crevel. Ainsi, un rebond du Livret A pourrait être observé par principe de précaution.
Malgré une baisse de la collecte, le Livret A et le LDDS continuent de représenter une part importante de l'épargne des Français, avec un encours total atteignant un niveau record de 578 milliards d'euros à la fin du mois de mai. Tandis que l'assurance vie et les comptes à terme offrent des alternatives attractives, le Livret A et le LDDS maintiennent leur attrait grâce à leur taux compétitif et leur simplicité.