EXCLUSIF : Le gouvernement Bardella d’union nationale tel qu’on pourrait l’imaginer

Pas un seul analyste politique sérieux n’écarte aujourd’hui l’hypothèse d’une arrivée du RN aux affaires au lendemain du second tour des législatives. Les affiches « Jordan Bardella, premier ministre », tiennent désormais plus de la prédiction auto-réalisatrice que de la promesse sans lendemain. Lors d’un déjeuner de travail entrecoupé d’appels et de SMS échangés avec les principaux leaders de la droite de gouvernement, un des hommes de l’ombre de la vie politique française a imaginé très sérieusement ce qu’un gouvernement Bardella d’union nationale, avec pour principal allié Eric Ciotti, pourrait donner.

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 16 juin 2024 à 11h44
Gouvernement Bardella Union Nationale

Premier ministre : Jordan Bardella

Jeune prodige de la politique française, comme d’ailleurs l’actuel Premier ministre Gabriel Attal, Jordan Bardella n’a pas de diplômes prestigieux à mettre en avant, quand la Ve République est accro aux énarques : Quatre premier ministres sur dix sont passés rue de l’Université dans leur jeunesse, sans compter les  normaliens, et même, tout récemment, les polytechniciens. Ce sont bien sûr les immenses talents de meneurs d’homme et bien sûr sa place de chef du premier parti de France qui le poussent irrésistiblement vers l’hôtel Matignon. Rien d’impossible à cela : La fonction a déjà été occupée par des autodidactes ! L’un des plus célèbres et réputé pour sa compétence est sans nulle doute Pierre Beregovoy, dont la légende disait qu’il avait un simple CAP, mais dont les biographies officielles disent aujourd’hui qu’il était diplômé de « l’école d’organisation scientifique du travail ». On ne souhaite bien évidemment pas le même destin à Jordan Bardella, contrairement aux manifestants d’extrême-gauche qui défilent dans les rues de la capitale en totale impunité derrière des bannières « Jordan t’es mort ». Un délit théoriquement puni de cinq ans de prison et 45 000 euros d’amende.

Ministre de l'Intérieur : Manuel Valls

L’ancien Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, pourrait reprendre son poste fétiche au sein d'un gouvernement Bardella d'union nationale. Les boucles What’s App et les réseaux sociaux ont vite fait de moquer Manuel Valls tentant de joindre Marine Le Pen. Le scénario n’a rien de loufoque : Manuel Valls est connu pour sa fermeté et ses positions tranchées, et il a laissé un bon souvenir place Beauvau. Régulièrement invité sur Cnews, bien que fervent critique du RN, qualifiant ses idées de "dangereuses", sa présence dans un tel gouvernement ne serait finalement pas si étonnante, et surtout à la fois audacieuse, courageuse, et utile au pays.

Ministre de la Justice : Jean-Paul Garraud

Ancien haut magistrat et député du RN depuis des années, issu du RPR puis passé par l’UMP, Jean-Paul Garraud est un choix parfaitement logique pour le ministère de la Justice. Confier la Justice a un historique du RN, un des postes régaliens de l’Etat, permettra à Jordan Bardella et au RN d’envoyer un signal fort à leurs électeurs.

Ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance Industrielle : Arnaud Montebourg

Le "Made in France" pourrait retrouver une nouvelle jeunesse sous la direction du souverainiste Arnaud Montebourg. Connu pour son soutien indéfectible à l’industrie nationale et son opposition farouche aux délocalisations, il serait en première ligne pour relancer l'économie et redonner vie au secteur industriel français. Bien qu'il ait été critique du RN, Montebourg est aujourd’hui réguliérement apercu dans des réunions et des projets portés ou soutenus par des souverainistes de droite. Pour l'assister dans cette tache monstrueuse, on peut imaginer qu'il puisse recruter à ses côtés Sébastien Laye, qui pourrait être en charge d'un secrétariat d'Etat au numérique et à l'Intelligence Artificielle, et qui affronte Gabriel Attal aux législatives dans les Hauts-de-Seine.

Ministre de l'Audit et des Comptes Publics : Jean-Philippe Tanguy

Jean-Philippe Tanguy, passé par Saint Cyr (qu’il a quitté au bout de quelques semaines) puis par l’ESSEC et Sciences Po Paris, est un des technos du RN. Élu député de la Somme en 2022, président délégué du groupe, il est la figure économique la plus mise en avant par le parti nationaliste. Le tandem avec Arnaud Montebourg pourrait faire des étincelles. L’impérieuse nécessité de procéder à un audit des comptes publics, après l’épisode désastreux du Budget 2023 manifestement insincère, sera l’un des temps forts du gouvernement Bardella I.

Ministre de la Libéralisation de l'Économie : Sophie de Menthon

Sophie de Menthon, femme d'affaires et présidente du mouvement patronal Éthic, serait la voix de l'entrepreneuriat au sein de ce gouvernement. Chargée de la libéralisation de l'économie, qui en a pour besoin, elle aurait pour mission de simplifier les réglementations et de stimuler la croissance par des réformes audacieuses. Ses positions libérales pourraient se heurter à certains aspects protectionnistes du RN, mais une coopération pragmatique pourrait toutefois être envisageable, vu l’état de délabrement du pays, au sein d'un gouvernement Bardella d'union nationale.

Ministre de la Défense : Christophe Gomart

Christophe Gomart, ancien général de corps d’armée, a notamment dirigé le commandement des opérations spéciales (COS). Il était 3e sur la liste des Républicains aux européennes, derrière François Xavier Bellamy. Il a accepté immédiatement de suivre Eric Ciotti dans son pacte avec le RN aux législatives et serait donc parfaitement à son aise et légitime au ministère de la Défense.

Ministre de l'Agriculture : Céline Imart

Agricultrice et vice-présidente des Jeunes Agriculteurs, Céline Imart était en deuxième position sur la liste Bellamy aux européennes. Elle aussi a suivi Ciotti immédiatement dans son ralliement au RN. Sa connaissance des défis du monde rural et son engagement pour la défense des agriculteurs au sein de JA en feraient une ministre à l’écoute des préoccupations du secteur. Elle n'a pas exprimé de positions claires vis-à-vis du RN, mais son profil technique et sa proximité avec le terrain lui rendront la tache très facile. Même la Coordination Rurale n’en pense que du bien !

Ministre de l'Éducation Nationale : François-Xavier Bellamy

Professeur de philosophie, François-Xavier Bellamy est l’intellectuel de service depuis déjà dix bonnes années dans le paysage politique français. Sa légitimité de prof, pour diriger l’Éducation Nationale, est incontestable, lui qui a passé son agreg de philo en parallèle de Normale Sup. Sa volonté de réhabiliter la transmission des savoirs et de renforcer les fondamentaux de l’éducation en ferait un ministre déterminé à redresser le niveau scolaire, en commençant par cesser de mentir sur les résultats scolaires réels des élèves dès les plus petites classes. Bellamy, Proche des milieux conservateurs sa compatibilité avec Jordan Bardella et Marion Maréchal est considérée comme maximale, à son corps défendant, notamment en raison de son engagement contre le mariage pour tous.

Ministre de la Culture : Philippe de Villiers

On pourait imaginer que Jordan Bardella propose à Rachida Dati de rester au ministère de la Culture, pour endosser le rôle de protectrice de la Culture et des Arts et… du service public ! Et accessoirement tenter d’endiguer les opérations de désobéissance civile dans le secteur.

Mais si Rachida Dati décide d’entre en résistance, le plus à même d’occuper le poste, pour en avoir déjà eu la charge dans le passé, est Philippe de Villiers ! Qui plus est, il serait aussi le seul de ce gouvernement Bardella d'union nationale à avoir vécu une cohabitation comme ministre, cohabitation dont il a déjà raconté quelques croustillantes histoires des coulisses ces derniers jours.

Ministre des Affaires Étrangères : Hubert Védrine

Diplomate aguerri, Hubert Védrine, qui a déjà occupé la fonction, permettrait d’envoyer un signal fort aux partenaires historiques de la France à travers le monde. Tout change, mais rien ne change !  Hubert Védrine a toujours été critique vis-à-vis du RN, mais son pragmatisme diplomatique pourrait faciliter une coopération, et son sens du devoir et de l’État pourrait l’emporter sur le reste.

Ministre de l'Enseignement Supérieur : Malika Sorel

Essayiste et experte des questions d’éducation et d’intégration, deuxième derrière Jordan Bardella aux européennes, Malika Sorel pourrait diriger l’enseignement supérieur avec une approche centrée sur l’excellence académique et l’inclusion. Le ralliement récent de Malika Sorel, après avoir été sarkozyste et filloniste, est un atout précieux pour le RN.

Ministre de l'Identité Nationale : Alain Finkielkraut

Le philosophe Alain Finkielkraut pourrait prendre en charge un nouveau ministère au sein d'un gouvernement Bardella d'union nationale, celui de l’identité nationale, un poste qui susciterait certainement des débats passionnés auxquels il pourra participer sans difficulté. Tout récemment, Finkielkraut a déclaré que le vrai péril était l'islamisme et la perte d'identité française, des positions parfaitement compatibles avec le RN, sachant qu’il a également déclaré qu’il voterait RN face à un candidat LFI, tout comme Serge Klarsfeld, et François-Xavier Bellamy.

Ministre de la Famille : Marion Maréchal

Le grand retour du ministère de la Famille, souvent relégué à des sous-secrétariats d’État fourre-tout, voire carrément oublié serait un marqueur fort du gouvernement Bardella. Occupé par Marion Maréchal, qui postait la veille des européennes une photo d’elle embrassant ses deux filles, il enverrait un signal fort en faveur aux couples « traditionnels ». N’as-t-elle pas rappelé encore récemment à une journaliste de France Inter que pour faire un enfant, il fallait techniquement un homme et une femme pour le concevoir, et qu’elle acceptait que cette idée soit percue comme fasciste ?  Sachant qu’il est de notoriété publique que le RN comporte en son sein des homosexuels affirmés et revendiqués, les cris d’orfraie, dénonçant un gouvernement homophobe et... maréchaliste, seraient théoriquement rapidement balayés.

Ministre de la Santé : Karine Lacombe

Infectiologue renommée, Karine Lacombe serait une choix parfaitement logique pour le ministère de la Santé. En première ligne durant la crise sanitaire, elle apporterait son expertise pour renforcer le système de santé français et préparer le pays à d’éventuelles futures pandémies. Lacombe n'a pas de positions publiques connues vis-à-vis du RN, ce qui pourrait permettre une nomination sur des critères techniques et de compétence, dont le ministère de la Santé a cruellement besoin !

Bien évidemment, cette liste de ministres potentiels d'un gouvernement Bardella I, est un exercice qui tient plus du jeu de société (type super Mastermind !) que de la politique fiction, même si vous reconnaîtrez que certains profils sont particuliérement adaptés et légitimes aux postes que nous avons imaginés pour eux. On pourrait également imaginer un… Eric Ciotti secrétaire général de l’Elysée, ou bien encore, Ministre en charge des relations avec le Parlement !

Quant au secrétariat d’État aux Affaires Européennes, nul doute que cette mission tombera directement dans le giron de Jordan Bardella, à Matignon.

Gouvernement Bardella 1

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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