Alors que la réindustrialisation de la France demeure un enjeu central, les dernières statistiques révèlent une dynamique positive. En effet, en 2023, 57 ouvertures de sites industriels dans l’Hexagone ont été enregistrées, une progression significative par rapport aux 49 sites ouverts en 2022, selon le dernier baromètre publié par l’État.
Non, le secteur de l’industrie n’est pas réservé aux hommes !
Cependant, derrière ces chiffres encourageants se cachent des défis de taille, notamment en matière de recrutement. Le ministre de l'Économie et des Finances a mis en lumière cette réalité en soulignant que l'industrie aura besoin de recruter plus d'un million de personnes dans les 10 années à venir. Il a même qualifié la situation de « bombe démographique », évoquant les 800 000 départs à la retraite prévus dans la décennie à venir.
Comment les entreprises industrielles françaises peuvent-elles faire face à cette difficulté majeure ? Et surtout, est-il possible pour la France de poursuivre sa trajectoire de réindustrialisation malgré la pénurie de candidats qualifiés ?
La réponse est oui. Mais pour cela, un travail de fond au sein de la société est nécessaire. Il est important de constater que malgré les progrès, les clichés persistent et il est temps de les remettre en question.
Tout d’abord, il faut mentionner que dans l’esprit des Français, et cela depuis de nombreuses années, les travaux techniques et manuels sont attribués aux hommes, souvent dévalorisés et destinés aux « mauvais élèves ». Pourtant, il en est tout autre. Ces métiers exigent à la fois passion, habileté manuelle, et réflexion approfondie. Il est alors crucial de changer cette perception afin de redonner à ces métiers la reconnaissance qu'ils méritent. Car, oui, tout le monde ne trouve pas sa place derrière un bureau. Les mentalités évoluent et les nouvelles générations ne devraient pas être dissuadées de s'orienter vers des métiers techniques.
Ensuite, il est impératif de diversifier le secteur, malgré les défis que cela peut représenter. Bien que souvent associés à des hommes, les techniciens industriels sont également représentés par des femmes, dont la présence est encore trop rare. En effet, les technologies modernes rendent ces métiers plus accessibles, ouvrant la voie à une plus grande inclusion des femmes. Malgré cela, les chiffres stagnent, avec moins de 30% de femmes occupant des postes dans l'industrie, alors que plus de 60 000 emplois restent vacants.
Les métiers techniques seraient d’ailleurs plutôt valorisants pour ces femmes. En effet, ces dernières se disent fières de l’exercer et reconnue au sein de leur entreprise. Souvent considérées comme minutieuses, leurs travaux sont reconnaissables par leurs pairs. Selon une étude conduite par Cadremploi, les équipes mixtes obtiendraient, même, de meilleurs résultats que les autres. De plus, 97 % des employés évoluant dans ces équipes se disent épanouis, accompagnés et utiles, contre 83 % pour les non-mixtes. Les entreprises ont donc tout intérêt à promouvoir la mixité au sein de leurs rangs, puisque c’est à elles qu’elle profitera en premier lieu.
La sensibilisation des femmes aux métiers de l’industrie doit être l’affaire de tous ; des parents bien sûr, des professeurs, de l’État, des associations. Mais surtout des entreprises elles-mêmes.
Dans le contexte de pénurie de talents actuel, il est difficile pour les entreprises de concentrer leurs recrutements uniquement sur des profils féminins - ce qui pourrait également être perçu comme discriminatoire pour les hommes. Il ne s’agit donc pas tellement de féminiser, mais d’apporter de la mixité dans les équipes. Comme le disent, si justement, Bénédicte Jezequel et Juliette Rapinat Freudiger, « Le message le plus important à faire passer est de dire aux femmes d’oser et de se faire confiance, car elles ont toute leur place dans l’industrie ».