Sortir du marché européen de l’énergie : bonne ou mauvaise idée ?

Le débat sur l’appartenance de la France au marché européen de l’énergie est au cœur de nombreuses discussions politiques. En effet, plusieurs partis, tels que La France insoumise, le parti communiste et le Rassemblement national, soulèvent régulièrement des questions sur l’impact de ce marché sur les factures d’électricité des Français. Mais quelles seraient les véritables conséquences d’une telle décision ?

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Par Léopold Aubin Publié le 9 juin 2024 à 12h30
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L'origine et l'importance du marché européen de l'énergie

Le marché européen de l'énergie a été créé dans le but de renforcer la coopération entre les pays membres, en s'assurant une stabilité et une sécurité énergétique. Cette initiative prend racine en 1952 avec la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier par six États. Aujourd'hui, le marché européen de l'électricité permet une interconnexion entre les pays, garantissant une gestion optimisée et réactive face aux variations de la production et de la demande.

Jean-Pierre Clamadieu dans les colonnes du Figaro souligne, président de Engie, souligne : « Ceux qui proposent de sortir du marché de l'électricité et sans doute un jour de celui du gaz se trompent absolument. C'est à la maille européenne que nous serons capables de relever les défis qui sont les nôtres ». Cela met en lumière l'importance de la coopération européenne pour surmonter les crises énergétiques, comme celle provoquée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a perturbé l'approvisionnement en gaz et augmenté les prix de l'électricité.

Les conséquences potentielles d'une sortie

Une sortie du marché européen de l'énergie pourrait avoir plusieurs répercussions pour la France. Premièrement, cela pourrait entraîner des coupures de courant et une augmentation significative des prix de l'électricité. En effet, sans l'accès aux moyens de production de nos voisins, les consommateurs français seraient plus exposés aux fluctuations du marché. Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), explique que « sans le couplage et des prix unifiés, les interconnexions seraient beaucoup moins appelées. Elles ne permettraient pas la réactivité face aux chocs et offriraient moins de garanties face aux risques de coupure ».

De plus, le marché européen de l'électricité permet de lisser les coûts et d'assurer une certaine stabilité des prix. Nicolas Goldberg, associé Colombus Consulting, rappelle que « pour éviter l'exposition des consommateurs aux variations des prix de marché, le Parlement européen a bien voté une réforme fournissant tout un arsenal d'outils pour rapprocher les prix des coûts de production avec les contrats long terme et les contrats pour différence (CfD) ». Cette réforme vise à protéger les consommateurs des hausses imprévisibles des prix de l'énergie.

Le cas des énergies renouvelables et des défis futurs

La transition énergétique impose également de relever le défi de l'électrification des usages. La production d'énergie devra de plus en plus s'appuyer sur des sources renouvelables, comme l'éolien et le solaire, pour répondre à la demande croissante. Cependant, le parc nucléaire d'EDF reste un atout majeur pour la France, permettant de maintenir une production d'électricité bas carbone. Il est crucial de continuer à investir dans ce secteur pour garantir l'entretien et le développement des infrastructures existantes et futures.

Enfin, l'exemple britannique démontre les difficultés qu'une sortie du marché européen de l'énergie peut entraîner. Depuis le Brexit, les interconnexions entre la France et le Royaume-Uni sont moins optimisées, entraînant des coûts plus élevés pour les consommateurs britanniques. La CRE note que « les échanges avec le Royaume-Uni reposent depuis le Brexit sur des prévisions de prix qui peuvent se révéler erronées et donc conduire à des flux dans le sens opposé au différentiel de prix ».

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1 commentaire on «Sortir du marché européen de l’énergie : bonne ou mauvaise idée ?»

  • Les interconnexions d’échange d’énergie entre les pays de l’Europe existaient avant la création du marché européen et nous payions bien moins chère notre énergie décarbonée (nucléaire). Le prix en France devrait tenir compte de notre mix énergétique en proportion(majorité d’énergie nucléaire). De plus l’énergie solaire et éolienne (plus chères) sont utilisées en priorité et interviennent donc dans la formation du prix cela au détriment du consommateur. La France est largement exportatrice d’électricité. Il y a plein d’incohérences et de complexités dans ce système, ce qui a fait mal à notre économie. Il faut également quitter cette mauvaise habitude d’agiter la peur en cas
    de sortie : voir le sujet de la perte de notre souveraineté énergétique et la tentative de démanteler notre fleuron industriel qu’est EDF. C’est donc un sujet très vaste avec la responsabilité de l’Allemagne et de nos gouvernants. j’en suis marri

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