International : comment la Chine bouscule l’économie française

Un renversement de force spectaculaire

Depuis des décennies, la Chine a été synonyme de production de masse à faible coût, saturant le marché mondial avec des produits à des prix défiant toute concurrence. Jean-Vincent Brisset, de l’IRIS, rappelle que « En France, Pékin est encore leader dans les vêtements et les produits manufacturés ». En 2022, la France a importé pour plus de 11,6 milliards d’euros de textiles et habillements et 21,7 milliards d’euros de produits informatiques et électroniques de Chine.

La capacité de la Chine à maintenir ses coûts de production extrêmement bas pose un dilemme complexe pour la France. « On ne peut pas lutter avec les coûts de production chinois », souligne l’expert à nos confrères de 20 minutes, ajoutant qu’une tentative de blocus des exportations chinoises serait désastreuse, entraînant une inflation insupportable pour les consommateurs français.

Subventions chinoises contre libre-échange européen

L'agressivité de la stratégie économique chinoise se manifeste clairement dans le soutien gouvernemental aux industries de pointe. Stéphanie Villers, macro-économiste chez PwC, déclare que « La Chine a massivement subventionné les secteurs de pointe comme les photovoltaïques, les batteries ou les voitures électriques ». Ces subventions ont abouti à la création de produits extrêmement compétitifs, sapant la capacité de l'Europe à rivaliser.

Françoise Nicolas de l’IFRI souligne que l'Europe, en se drapant dans la dignité du libre-échange, se retrouve désarmée face à une « concurrence déloyale » de la part de la Chine. Le soutien gouvernemental interdit en Europe contraste fortement avec les pratiques chinoises, mettant en péril les entreprises européennes qui ne peuvent lutter ni sur les prix ni sur les volumes de production.

Le grand écart technologique Chine - Europe

Emmanuel Macron a tenté de négocier une réduction des importations de technologies chinoises en Europe, notamment des photovoltaïques et des voitures électriques. Parallèlement, la France espère accroître ses exportations de produits agricoles vers la Chine. Stéphanie Villers souligne « le gap technologique des produits que l’on échange », mettant en lumière une asymétrie croissante.

Jean-Vincent Brisset voit un signe d'espoir dans la lente réindustrialisation et relocalisation européenne de certaines productions. La pandémie de Covid-19 a accentué la prise de conscience de la dépendance excessive de l'Europe envers les productions chinoises. « Depuis, l'Europe a assoupli certaines règles du libre-échange, permettant un peu plus de subventions », ajoute Françoise Nicolas.

L'Europe et la France face à la Chine : un défi de taille, mais pas insurmontable, pour autant que l'unité et une stratégie claire soient au rendez-vous.