Consommation : Éliminer le plastique des emballages

Les fibres de cellulose semblent s’imposer comme une solution durable pour emballer tous les produits, des aliments jusqu’aux appareils électroniques.

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Par Horizon Publié le 30 avril 2024 à 5h00
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plastique, emballage, consommation, déchets, cout, union européenne - © Economie Matin
15%Au niveau mondial, 15 % des déchets plastiques sont collectés pour être recyclés


Avis aux personnes qui font leurs achats dans les supermarchés de Belgique, de France et du Luxembourg: un essai visant à réduire les déchets issus des emballages en plastique utilisés dans l’agroalimentaire va bientôt être effectué en magasin.

Carrefour et Système U prévoient de vendre yaourts, fromages, jus de fruits, biscuits, etc. dans des emballages en fibres de cellulose issues du bois ou d'autres matériaux d’origine végétale. 

Un marché en mutation

Au total, 30 à 60 magasins des trois pays commenceront à utiliser des emballages respectueux de l'environnement pour 13 types de produits alimentaires d'ici la fin de cette année.

Carrefour et U se sont associés à des producteurs du secteur alimentaire, à des emballeurs et à des chercheurs pour mener à bien un projet financé par l’UE. Le but de ce projet: aider à introduire des matériaux d'emballage écologiques en magasin. 

«Si les produits durables ne sont pas adoptés par les consommateurs, leur commercialisation n’aura pas d’impact», a déclaré Frank Gana, PDG et co-fondateur de (RE)SET, un cabinet de conseil en stratégie environnementale situé à Paris.

Il dirige le projet européen R3PACK d’une durée de trois ans qui s’achèvera en mai 2025.

L'objectif est que les industriels qui participent à l'initiative remplacent une part importante de leurs emballages en plastique par des alternatives à base de fibres. Des producteurs du secteur alimentaire comme Candia et des emballeurs tels que Thiolat, basés en France comme Carrefour et U, jouent un rôle clé dans les efforts déployés et sont déterminés à atteindre cet objectif.

L’essai qui débutera dans le courant de l’année en Belgique, en France et au Luxembourg devrait être étendu à des milliers de magasins des trois pays d'ici la fin du projet.

Des tonnes d'emballages

Les déchets européens issus des emballages ne proviennent pas uniquement des produits alimentaires. Des gobelets de boissons à emporter aux emballages d’appareils électroniques, l’Europe génère chaque année près de 190 kilogrammes d’emballages par personne, soit 84 millions de tonnes au total en 2021. 

Les emballages en plastique constituent une menace spéciale car, même si certains sont recyclés, ils finissent en grande partie sur le sol, dans les rivières et dans les mers. En 2021, près d’un cinquième des déchets d’emballages de l’UE étaient en plastique.

En plus de remplacer les emballages en plastique, l'équipe de R3PACK cherche à rendre certains emballages réutilisables.

«Pour certains produits, il sera presque impossible de remplacer le plastique», a déclaré M. Gana. Dans certains cas, il est plus facile de fabriquer des emballages réutilisables. 

Si les consommateurs, les gouvernements et les entreprises souhaitent réduire les emballages en plastique à usage unique, leur trouver un substitut approprié constitue un défi de taille, précisément en raison des qualités que présente le matériau: il est léger, peu coûteux à produire et capable de protéger le contenu de l'oxygène, de l'humidité et de l'eau. 

Une solution consiste à recouvrir les emballages à base de cellulose ou de papier d’une stratification ou d’un revêtement (ou d’une combinaison des deux) afin de pallier les manques qu’ils présentent par rapport au plastique. 

Une innovation suédoise

Anna Altner peut témoigner des difficultés rencontrées et des avancées réalisées dans le domaine de l'emballage durable. 

Elle a créé Yangi, une startup suédoise qui a mis au point des emballages à base de cellulose capables de concurrencer le plastique sur le plan financier. 

En effet, le processus de fabrication utilisé par l’entreprise consomme moins d’énergie et d’eau que celui des autres fabricants d’emballages à base de cellulose. De plus, le produit final obtenu est polyvalent, comme le plastique.

Ce processus de «formage à sec» utilise l'air plutôt que l'eau pour séparer les fibres issues de forêts scandinaves gérées durablement.

«Nous sommes bien plus compétitifs en termes de prix par rapport aux plastiques que les solutions actuelles», a déclaré Mme Altner. «Le plastique est si bon marché qu’aucune solution papier ne peut rivaliser avec lui.» 

L’entreprise a réalisé cette avancée en matière de transformation dans le cadre d’un autre projet de recherche financé par l’UE qu’elle a dirigé. Le projet s'est déroulé d'avril 2021 à fin 2023. 

Dans cette nouvelle méthode de traitement, la pâte passe dans un broyeur pour séparer les fibres. De l'air est ensuite introduit pour isoler chacune d’elles. 

Grâce à un système à circulation d'air en continu, les fibres sont ensuite transformées en coussinets duveteux qui sont déposés sur une ligne de formage. Les coussinets sont chauffés et comprimés pour former un emballage 3D rigide en cellulose.

Cette méthode permet non seulement d'économiser de l'eau, mais aussi d’utiliser moins d'énergie que les méthodes employées actuellement pour fabriquer des emballages en cellulose, un critère non négligeable pour les fabricants compte tenu de la flambée des prix de l'énergie. 

Le nouvel emballage pourrait être utilisé pour tous les produits, des coupelles pour salades à emporter jusqu’aux blisters entourant les appareils électroniques. Il présente aussi l’avantage de pouvoir être recyclé dans le cadre des dispositifs actuellement en place pour le papier. 

Des emballages de plus en plus durables

En décembre 2023, les gouvernements de l'UE sont parvenus à un accord sur une proposition de règlement relatif aux emballages et à leurs déchets afin d'augmenter la réutilisation des emballages et de les rendre totalement recyclables. 

Cette avancée s’inscrit dans le cadre du Pacte vert
européen et découle de la volonté de l'UE d'adopter un
modèle économique plus circulaire consistant à réinjecter les ressources dans l'économie afin de les réutiliser au lieu de les éliminer.

«Nous observons la même tendance au renforcement des réglementations sur les emballages dans le monde entier, même si l'Europe a une longueur d’avance», a déclaré Mme Altner. 

De son côté, M. Gana de (RE)SET a déclaré que résoudre le problème posé par les emballages en plastique pourrait encourager une coopération générale plus étroite en Europe qui contribuerait à rendre l’économie plus respectueuse de l’environnement.

«Avant de courir un marathon, il faut commencer par courir 10 km», a-t-il expliqué. «L’emballage constitue un premier pas pertinent.» 

Les recherches présentées dans le cadre de cet article ont été financées par le biais du programme Horizon de l’UE, notamment via le Conseil européen de la recherche (CER) dans le cas de YANGI. Les opinions des personnes interrogées ne reflètent pas nécessairement celles de la Commission européenne.

Plus d’infos

Cet article a été publié initialement dans Horizon, le magazine de l’UE dédié à la recherche et à l’innovation.

 

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