Un récent rapport de la Cour des comptes européenne remet en question la capacité de l’Union européenne à atteindre son objectif ambitieux de zéro émission de gaz à effet de serre pour les voitures neuves d’ici 2035. Manque de compétitivité dans la fabrication des batteries, dépendance excessive aux importations et faible adaptation des carburants alternatifs sont au cœur des préoccupations.
Automobile : l’objectif zéro émission hors de portée pour l’Europe ?
Émissions de CO2 et réglementations insuffisantes
Malgré l'adoption de réglementations visant à réduire les émissions de CO2 des voitures à moteur thermique, les efforts de l'UE semblent insuffisants. Nikolaos Milionis, rapporteur du document, observe que les émissions n'ont commencé à décroître qu'en 2020, soit plus d'une décennie après l'application des premières normes. « Malgré des ambitions fortes et des exigences strictes, la plupart des voitures thermiques actuelles émettent toujours la même quantité de CO2 qu'il y a 12 ans », critique-t-il.
Le rapport pointe également le manque de progression significative dans le développement de carburants alternatifs. Sans feuille de route claire, la transition vers les biocarburants, les carburants synthétiques ou l'hydrogène reste embryonnaire, limitant les options disponibles pour une réduction substantielle des émissions.
Défis de la production de batteries en Europe
Le rapport met en évidence un problème majeur : la faible capacité de production de batteries en Europe. « Moins de 10% de la capacité de production mondiale est basée sur notre continent, tandis que la Chine domine avec 76% des capacités », indiquent les auteurs. Cette situation handicape sérieusement l'industrie automobile européenne dans la compétition mondiale et dans la transition vers l'électromobilité.
Afonso De Castro Malheiro, auteur principal, souligne la dépendance extrême de l'Europe aux importations de ressources essentielles. « Nous importons 87% de notre lithium brut d'Australie et une grande partie de notre manganèse, cobalt, et graphite de pays tiers, souvent sans accords commerciaux adéquats ou dans des conditions géopolitiques et environnementales préoccupantes », explique-t-il. Cette dépendance met en lumière les risques pour l'autonomie stratégique de l'Europe et soulève des questions sur la durabilité de sa chaîne d'approvisionnement en matières premières.
Sans un renforcement des capacités de production locales, une véritable stratégie pour les carburants alternatifs, et une réduction de la dépendance aux importations, l'objectif de zéro émission en 2035 pourrait rester hors de portée.