Ce fut l’un des changements les plus appréciés de la période de la Covid-19 : l’autorisation donnée aux salariés bénéficiaires des titres-restaurant de pouvoir payer leurs courses avec. Un dispositif qui devait répondre, initialement, à une problématique : les salariés obligés de télétravailler durant la crise sanitaire avaient cumulé des milliers d’euros de titres-restaurants inutilisés, montants qu’ils auraient risqué de perdre.
Titres-restaurant : le droit d’acheter les courses pérennisé ?
Dès le départ, cette mesure était donc temporaire : le gouvernement a toujours eu pour objectif de revenir en arrière, à la règle initiale qui limite l’usage des titres-restaurant aux seuls repas. Mais les Français, eux, y ont pris goût.
Les Français veulent conserver le droit à faire des courses
Selon un sondage mené par Le Parisien et publié le 5 avril 2024, c’est simple : les Français ne veulent pas abandonner leurs titres-restaurant pour faire les courses. Un avis plus que tranché : 96% des interrogés sont favorables à un statu quo.
Les habitudes ont changé : 75% des salariés le reconnaissent. Ils ne déjeunent plus comme avant la Covid-19. 45% affirment même que, désormais, ils préparent leurs repas à l’avance et prennent, au contraire, moins de pause déjeuner pour terminer leur journée le plus tôt possible.
Mais les restaurateurs, eux, font grise mine. Subissant de plein fouet les difficultés des ménages qui limitent les sorties et les loisirs faute d’argent, ils comptent sur la fin de cette autorisation pour voir les clients revenir sur les terrasses. Un espoir qui risque d’être mis à mal par le gouvernement.
Titres-restaurant : et si le gouvernement pérennisait la réforme ?
Le dispositif exceptionnel pour les titres-restaurant a été prolongé à plusieurs reprises depuis la fin de la crise sanitaire. Il est d’ailleurs encore en vigueur, plus de 2 ans après le dernier confinement terminé le 3 mai 2021. Il est censé se terminer le 31 décembre 2024, mais le gouvernement se pose la question : faut-il vraiment l’arrêter ? Car selon les données de la CNTR (Commission nationale des Titres-restaurant), 30% des titres émis chaque année passent dans les courses du quotidien.
Dans les colonnes d’Ouest-France, le 6 avril 2024, Olivia Grégoire, ministre déléguée au Commerce et la Consommation, affirme que des discussions sont en cours. « Des pistes sont sur la table et tout sera discuté avec les acteurs concernés dans les prochaines semaines. » La CNTR, de son côté, estime que c’est quasiment joué, en faveur des Français : « aujourd’hui, nous ne croyons pas à un retour en arrière du gouvernement. Pourtant, le risque est de dévoyer le titre-restaurant en chèque caddy ».
Ce qui ferait les affaires du gouvernement qui avait promis, sans donner suite, un chèque alimentaire pour répondre à la flambée des prix de l’alimentation en France.