Des fabricants de substituts végétaux à la viande, confrontés à une interdiction gouvernementale des appellations « steaks » et « lardons » à partir du 1er mai, ont porté l’affaire devant le Conseil d’État. De par cette démarche juridique, ils cherchent à préserver des termes commerciaux clés pour l’industrie face à des mesures jugées restrictives.
Le steak peut-il être végétal ? La justice va devoir trancher
Une perte d’argent pour les marques de viande végétale
Le décret, qui prendra effet le 1er mai, soulève des inquiétudes majeures chez les fabricants de viande végétale. Les coûts de conformité, selon les leaders du secteur, pourraient siphonner une part non négligeable de leur chiffre d'affaires. Pour la jeune entreprise HappyVore, la refonte de l'emballage et la redéfinition de la marque représenteraient un investissement financier de 10 à 15%.
Une situation qui pourrait rapidement devenir critique pour des startups qui bâtissent leur réputation sur la clarté de leur proposition de valeur au consommateur. La Vie, fournisseur de grandes chaînes de restauration rapide, est également confrontée à une menace similaire. Leurs représentants clament que la survie même de l'entreprise pourrait être mise en jeu, un écho alarmant dans une industrie compétitive.
La difficulté de trouver des noms alternatifs
La bataille ne se limite pas aux chiffres. Elle questionne l'essence même de ces produits. Comment nommer une alternative au bacon si ce n'est « bacon végétal » ? De même pour les merguez, jambons, chipos ou encore les aiguillettes. Les fabricants argumentent que les appellations actuelles sont immédiatement parlantes et compréhensibles pour les consommateurs.
En face, les autorités proposent des alternatives comme « allumettes » ou « haché » végétal. L'affrontement sur les mots traduit un dilemme entre le respect du patrimoine gastronomique français et le progrès alimentaire. « Il n'y a rien de plus explicite que “bacon végétal”», a déclaré Nicolas Schweitzer, fondateur de La Vie dans Le Figaro.
Des inégalités face à la concurrence internationale
Le débat dépasse la question de l'étiquetage. Les producteurs locaux, déjà contraints par les nouvelles règles, pointent du doigt un avantage concurrentiel pour les entreprises internationales non assujetties à cette réglementation française. Guillaume Dubois, l'un des fondateurs de HappyVore a déclaré dans Le Figaro, « le gouvernement défavorise les producteurs et les agriculteurs français ».
Le délai jugé trop court pour l'application du décret exacerbe les tensions, les acteurs du marché craignant l'incapacité à approvisionner les rayons en temps voulu. De son côté, le gouvernement recherche un équilibre entre la protection du consommateur et promotion de l'innovation nationale dans le secteur agroalimentaire.