Lors de la dernière réunion de la Fed, la surprise est une nouvelle fois venue du président de la Fed lui-même, plus accommodant que les données récentes d’inflation aux Etats-Unis pouvaient le suggérer.
Jerome Powell accommodant…mais pas les autres
Même s’il a constaté, comme tous les observateurs, une résilience dans les dernières données d’inflation et même un petit rebond selon la mesure observée, il n’a pas su définir s’il s’agissait d’une simple « bosse sur la route » pour reprendre ses termes, ou si c’était autre chose, c’est-à-dire un rebond plus durable de l’inflation.
Face à la dose d’incertitude instillée par ces données, il a tout de même choisi de dire, et cela a beaucoup plu aux marchés, qu’il continuait d’avoir « confiance » sur le retour de l’inflation vers l’objectif de 2%. Il aura peut-être raison, mais alors que la Fed explique à chaque réunion qu’elle est dépendante des données économique (« data dependent »), la posture clairement « dovish » de Jerome Powell interpelle.
Et il semble assez clair que dans le « dual mandate » de la Fed, son président a choisi de privilégier la partie emploi, et de faire quelques concessions sur la partie inflation. Cela ne veut évidemment pas dire que l’objectif des 2% est implicitement abandonné, mais probablement plus que Jerome Powell est prêt à accepter un délai plus long de retour vers les 2%. Une stratégie qui préserve au maximum la vigueur économique américaine…et la bonne tenue des marchés actions, les marchés qui ont le meilleur des deux mondes : une économie américaine robuste et des espoirs de baisse de taux toujours vivaces.
D’autres membres de la Fed sont toutefois moins accommodants. C’est clairement le cas de Raphael Bostic, président de la Fed d’Atlanta, qui a déclaré qu’il ne s’attendait désormais plus qu’à une seule baisse de taux cette année, alors qu’il y a quelques semaines seulement, il anticipait deux baisses de taux, et à partir du second semestre (ce qui est déjà inférieur au consensus des membres du FOMC qui anticipent en moyenne 3 baisses de taux cette année, via les fameux « dot plot »).
Pour mémoire, Raphael Bostic est le premier membre de la Fed qui avait calmé les ardeurs du marché après la conférence de presse, déjà très accommodante, de Jerome Powell en décembre. Et il avait fait réagir le marché obligataire où l’on avait observé un redressement des taux les semaines suivantes.
Ses dernières déclarations contredisent clairement celles de son président. Et un autre membre de la Fed, Christopher Waller, a indiqué hier soir qu’il ne voyait « toujours aucune urgence à baisser les taux » dans l’environnement économique actuel, expliquant que « les données suggèrent moins de baisses de taux possibles cette année » et que la force de l’économie « donne du temps à la Fed pour recevoir les données » avant de prendre une décision. Il constate que « malgré les progrès sur l’inflation, les données récentes ont été décevantes ».
Assez loin donc du discours de Jerome Powell il y quelques jours. Pour l’instant, les marchés préfèrent accorder du crédit aux propos du président de la Fed, en espérant que les prochaines données d’inflation lui donnent raison. Rendez-vous vendredi avec les chiffres d’inflation PCE, la mesure la plus surveillée par la Fed.