Vidéosurveillance : votre patron a-t-il le droit de vous filmer ?

La Cour de cassation confirme la nécessité entre protection des biens de l’entreprise et respect de la vie privée des salariés dans l’usage de la vidéosurveillance. Un arrêt récent précise les conditions sous lesquelles les employeurs peuvent s’affranchir de l’obligation d’informer les salariés de la mise en place de dispositifs de surveillance.

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Par Léopold Aubin Publié le 31 mars 2024 à 10h30
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Vidéosurveillance : votre patron a-t-il le droit de vous filmer ? - © Economie Matin

Un cadre légal précis pour l'usage de la vidéosurveillance

La mise en place de la vidéosurveillance sur le lieu de travail est encadrée par un cadre légal strict, qui vise à équilibrer la nécessité pour l'employeur de protéger ses biens avec le droit des salariés au respect de leur vie privée. Un arrêt récent de la Cour de cassation, daté du 14 février 2024, vient clarifier les conditions dans lesquelles un employeur peut mettre en place un système de vidéosurveillance sans avoir à informer au préalable ses salariés.

Selon cet arrêt, lorsque des anomalies significatives dans les stocks justifient la suspicion de vols, l'employeur peut s'autoriser à utiliser des dispositifs de vidéosurveillance pour surveiller et protéger ses biens. La cour a jugé que, dans le cas spécifique de la Pharmacie mahoraise, l'utilisation de la vidéosurveillance était « indispensable pour produire la preuve de vols dans les stocks de produits et proportionnée au but poursuivi ».

Principes fondamentaux et application par la cour

La Cour de cassation souligne deux principes fondamentaux : la légitimité du but poursuivi par l'employeur et la proportionnalité de l'atteinte portée à la vie privée des salariés. Dans le cas de la Pharmacie mahoraise, le dispositif de vidéosurveillance avait été mis en place pour protéger les biens de l'entreprise face à des vols avérés, un objectif jugé légitime. De plus, l'atteinte à la vie privée était considérée comme proportionnée, les enregistrements étant uniquement visionnés par la dirigeante de l'entreprise et dans un laps de temps limité.

Information et transparence

La cour rappelle également l'importance de l'information et de la transparence dans l'usage de la vidéosurveillance. Bien que dans ce cas précis, l'employeur ait été exempté de l'obligation d'informer préalablement les salariés du fait de la nature des preuves à apporter, la décision souligne la nécessité, en règle générale, d'informer les salariés de la mise en place de tout dispositif de surveillance. Cette information doit couvrir l'identité du responsable du traitement des données, la finalité de la surveillance, les destinataires des données, ainsi que les droits des salariés concernant l'accès, la rectification et l'opposition.

Protection des données et droit d'accès

L'arrêt met en exergue l'importance du respect des normes de protection des données personnelles. L'employeur doit garantir la confidentialité des données recueillies et assurer que l'accès aux enregistrements est strictement limité aux personnes habilitées, dans le cadre d'une finalité précise et légitime.

Il établit un cadre légal permettant aux employeurs de protéger efficacement leurs biens, tout en veillant à ne pas outrepasser les droits fondamentaux de leurs employés. Cette décision illustre la nécessité pour les entreprises de mettre en œuvre des politiques de surveillance transparentes, proportionnées et respectueuses des droits de chacun.

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