Le gouvernement semble avoir du mal à donner une direction pour la stratégie énergétique française. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé, vendredi 15 mars 2024, le lancement d’une nouvelle grande consultation sur ce sujet.
Énergie : le gouvernement lance (encore) une grande consultation
Une nouvelle consultation sur la stratégie énergétique de la France
Le lancement d'une consultation sur la stratégie énergétique de la France par Gabriel Attal s'inscrit dans un contexte parlementaire tendu, où la majorité se fait évasive. Le Premier ministre, face à un Parlement divisé, a opté pour une nouvelle grande consultation au sujet de la politique énergétique de la France, qui est, depuis le remaniement, passée dans le portefeuille du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.
Cette consultation sera une nouvelle fois supervisée par la Commission nationale du débat public (CNDP) et elle a pour but de donner un cap sur la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) ainsi que sur la stratégie nationale bas carbone (SNBC). Une initiative louable en soi, mais est-elle réellement pertinente ? Le gouvernement a déjà consulté les Français sur ces sujets en 2022 ; pour autant, les conclusions, publiées en novembre 2023, semblent avoir été ignorées, celles-ci n'ayant donné aucune suite...
Aucune direction
La position d'Annie Bringault, responsable de la transition énergétique du Réseau Action Climat, qui faisait partie des ONG environnementales invitées par Matignon, vendredi 15 mars 2024, est claire : « Ce qu'on attend maintenant, c'est un portage politique de cette consultation par le Premier ministre et qu'il y ait un engagement à en tenir compte dans les documents finaux ». Avec la droite de l'échiquier politique qui est favorable à une politique énergétique pro-nucléaire et la gauche qui reste pro-renouvelables, le gouvernement patine. Sans majorité, ce dernier ne veut pas se risquer à proposer un texte qui pourrait être retoqué au Parlement.
Le projet de loi sur l'énergie, qui devait être présenté au mois de février 2024 reste donc lettre morte. Pis encore, certains objectifs ont même été retirés au mois de janvier 2024, notamment en ce qui concerne la production énergétique de la France et ses visées pour réduire ses émissions de carbone. Et pour le moment, la loi prévoit toujours la fermeture de 12 réacteurs nucléaires d'ici à 2035 – alors même que le Président est depuis revenu sur cette décision. La France n'a donc aucune stratégie énergétique, et le en même temps montre une nouvelle fois ses limites, surtout à l'approche des européennes... « Maintenant, il faut décider ! », s'impatiente Yves Brechet, ancien haut-commissaire à l'énergie atomique, en insistant sur le fait que « la relance du nucléaire a été annoncée en février 2022, soit avant l'élection présidentielle ». « Empêché, le gouvernement procrastine et s'emploie à repousser le problème » villipende-t-il. « S'ils ont la trouille de ne pas pouvoir faire voter leurs textes, qu'ils le disent ! Mais qu'ils arrêtent de nous faire perdre notre temps », renchérit un acteur du secteur éolien. Aucune date n'a encore été fixée pour la présentation dudit projet de loi, ni pour la grande consultation.