Un vent de panique souffle dans les couloirs feutrés de Bercy. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, et Thomas Cazenave, ministre des Comptes Publics, tirent la sonnette d’alarme : la situation financière du pays est plus que préoccupante. En plus d’un déficit budgétaire record, les recettes fiscales de l’État sont inférieures aux prévisions de 2023.
Alerte : les impôts rentrent moins bien que prévu !
Impôt : les recettes fiscales de l'État sont en chute libre
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la France a enregistré -7,7 milliards d'euros de recettes fiscales en moins par rapport aux prévisions de l'année 2023, et n'atteint ainsi que 20 milliards d'euros. Le gros de cet écart revient à l'impôt sur les sociétés net : -4,4 milliards d'euros. La TVA et l'impôt sur le revenu ne sont pas épargnés. « Le trou de 2023 ne sera pas comblé, donc le gouvernement part de plus loin pour atteindre ces objectifs budgétaires. Et, à cause de la croissance plus faible qu’attendue cette année, les recettes vont continuer de fléchir », explique François Ecalle, directeur de Fipeco.
Les mauvaises nouvelles avaient commencé dès le mois de janvier 2024 avec la publication du déficit budgétaire qui s'est creusé de +2,2 milliards d'euros par rapport aux prévisions de 2023, s'établissant ainsi à 173 milliards d'euros. La situation financière de la France est catastrophique. Tous les signaux sont au rouge. Si le gouvernement ne semblait jusqu'à présent pas réellement s'alarmer, il prend enfin conscience de l'urgence de la situation. Bruno Le Maire et Thomas Cazenave avaient tous deux annoncé la nécessité de réaliser 10 milliards d'économies sur le budget de 2024, en réduisant notamment de 1% les dépenses, réparties sur les différents ministères.
La nécessité de relancer le marché intérieur
Il faut remonter à 1974 pour trouver le dernier budget excédentaire de la France. Depuis lors, son déficit n'a cessé de se creuser, faisant dépasser à la dette publique française le seuil de 3.000 milliards d'euros en 2023. Tous les précédents gouvernements tiennent une part de responsabilité dans ce désastre. Il suffit de regarder le film documentaire de l'association Contribuables et Associés, Trois mille milliards : les secrets d'un État en faillite, pour le comprendre. Si la France a réussi à afficher une croissance de +0,9% pour l'année 2023, cela était essentiellement dû au rebond de son commerce extérieur. Cela n'est pour autant pas viable sur le moyen-long terme. Ce qu'il faut, c'est : réduire les dépenses inutiles, les aides qui sont distribuées à tire-larigot (aide réparation vélo, leasing social dont le budget initial a été multiplié par deux, à 600 millions d'euros, etc.), et faire un grand ménage, pour réduire enfin, les fraudes sociales et fiscales. Il faut aussi et surtout, relancer le marché intérieur.
La baisse des recettes fiscales était-elle prévisible ? Bien sûr. Avec l'inflation persistante et l'augmentation du prix de l'énergie, le gouvernement le sait bien, le pouvoir d'achat des Français ne cesse de se réduire et le nombre d'entreprises en faillite est au plus haut niveau depuis 2017 (plus de 55 000 défaillances rien que pour l'année 2023). Autrement dit, les entreprises françaises sont à bout de souffle et les Français dépensent moins, la plupart n'ayant d'autre choix que de se priver, les autres choisissant, à juste titre, d'épargner. Sans une amélioration du pouvoir d'achat des Français, le marché intérieur ne pourra pas être relancé, et les recettes de l'État ne feront que poursuivre leur chute.
Nous serons néanmoins heureux d'apprendre que le président semble enfin s'inquiéter de la situation financière de la France. Après avoir réussi à creuser la dette publique française de +600 milliards d'euros depuis son premier mandat de 2017, il était plus que temps. Pour autant, comme l'indique un membre du cabinet d'Emmanuel Macron auprès de nos confrères du Figaro, le président « ne se lève pas tous les jours en pensant au problème du déficit ». Son regard est ailleurs, cela est bien regrettable. La France, au bord du précipice, est prise de vertige sans que le président y voie l’urgence absolue.