La proposition de création d’un nouveau livret d’épargne, spécifiquement dédié au financement de l’industrie de la défense française, pourrait être la réponse aux difficultés du secteur de l’armement. Ce projet, porté par des sénateurs socialistes et baptisé Livret d’Épargne Défense Souveraineté (LEDS), est également lié à l’échec du gouvernement qui voulait flécher une partie des sommes déposées sur le Livret A vers cette industrie stratégique.
Epargne : vers un livret pour financer la Défense ?
Une nouvelle loi pour créer le LEDS
L'initiative, enregistrée au Sénat le 20 février 2024, propose un mécanisme permettant aux particuliers de contribuer directement au renforcement de la capacité défensive du pays, tout en bénéficiant d'un rendement sur leur épargne. Un peu à l’instar des deux livrets défiscalisés, le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) dont les sommes permettent de financer, entre autres, la construction de logements sociaux.
Selon le texte de la proposition de loi déposée au Sénat, le LEDS serait accessible à toute personne physique ayant son domicile fiscal en France, limitant la possession à un seul livret par titulaire. Cette épargne réglementée aurait pour vocation de financer l'industrie de défense à travers l'acquisition de titres financiers dédiés. La spécificité de ce livret réside dans sa double utilité : soutenir un secteur stratégique pour la souveraineté nationale tout en offrant une alternative d'épargne pour les Français.
Pourquoi un livret d’épargne pour la Défense ?
Cette proposition législative intervient dans un contexte où le financement des entreprises, notamment les PME du secteur de la défense, se heurte à des difficultés d'accès aux crédits bancaires. Ces obstacles sont en partie attribuables à la réticence des banques à s'associer au secteur de l'armement pour des questions d'image. Le LEDS se présente donc comme une solution permettant de contourner ces obstacles financiers, tout en mobilisant l'épargne nationale en faveur de la défense.
« Beaucoup d'entreprises, petites ou intermédiaires, qui travaillent dans le secteur de la défense, ont du mal à accéder aux crédits. Résultat, elles ont moins la possibilité de faire de la recherche, de l'innovation ou d'ouvrir une nouvelle ligne de production. À terme, c'est une perte de capacité majeure pour cette industrie », explque Rachid Temal, sénateur du Val d’Oise et porteur du projet, interrogé par Le Point.
Pas encore de précisions sur le plafond ou le rendement
Les caractéristiques précises du livret, telles que le plafond de versement, le taux de rémunération, ainsi que les conditions d'ouverture et de gestion, restent à définir par décret en Conseil d'État… si la loi est adoptée et le LEDS créé. Ce projet soulève néanmoins plusieurs questions : quel sera l'attrait de ce livret pour les épargnants français ? Comment assurer un équilibre entre rendement attractif et soutien efficace à l'industrie de la défense ? Et enfin, quelle sera la capacité de ce dispositif à mobiliser réellement les fonds nécessaires à l'autonomie de la défense nationale ?
Car la question est complexe : d’un côté, les épargnants cherchent des solutions pour faire fructifier leur épargne avec le moins de risques possibles, sur fond d’inflation et de baisse du pouvoir d’achat. Mais, de l’autre, le financement de la Défense, quand bien même française, pourrait se heurter aux idées politiques d’une partie des ménages qui pourraient ne pas être d’accord avec le financement de ce qui permet de faire la guerre.