Le bouclier tarifaire sur le gaz a évité des factures multipliées par deux

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 24 août 2022 à 10h17
Russie Gaz Russe Coupure 2
@shutter - © Economie Matin
26,80%Sans bouclier tarifaire, le prix du gaz aurait augmenté de 26,80% sur un mois en août 2022.

Si les Français connaissent, en moyenne, une inflation d’un niveau inférieur à celui de leurs voisins européens, c’est en grande partie grâce au « bouclier tarifaire » sur l’énergie. Et tout particulièrement celui sur le prix du gaz, qui a explosé à cause de la guerre en Ukraine et les pressions de Moscou. Selon la CRE, le gaz aurait tout simplement dû coûter deux fois plus cher aux consommateurs.

Le tarif du gaz bloqué en France depuis octobre 2021

Ce n’était pas forcément l’objectif premier du gouvernement : lorsqu’il a décidé de mettre en place le bouclier tarifaire sur l’énergie en France, en octobre 2021 pour le gaz et en février 2022 pour l’électricité, l’exécutif ne s’attendait pas à ce que la Russie attaque l’Ukraine et que le marché de l’énergie s’emballe. Le gouvernement voulait protéger les ménages de la hausse de l’inflation qui devait être temporaire et ne durer au pire que jusqu’à fin 2022.

S’il n’a pas vu juste au niveau géopolitique, le gouvernement aura toutefois eu une bonne idée : grâce au bouclier tarifaire, les tarifs réglementés du gaz n’ont plus évolué. Les Français ont donc été protégés de l’explosion des prix sur les marchés de gros que la Commission de Régulation de l’Énergie aurait dû répercuter sur la facture des ménages.

Le prix du gaz devrait être deux fois plus élevé

Si les tarifs réglementés appliqués par Engie n’évoluent pas de mois en mois, « pour le mois de septembre 2022, les tarifs applicables restent identiques à ceux en vigueur au 1er octobre 2021 » rappelle la Commission dans son communiqué du 23 août 2022, la CRE publie malgré tout les tarifs théoriques applicables.

Or, pour septembre 2022, l’augmentation moyenne par rapport à août 2022 aurait dû être de 26,80% TTC, pour refléter les nouveaux records atteints par le gaz sur les marchés de gros. Et ce n’est pas tout : « le niveau moyen des tarifs réglementés de vente au 1er septembre 2022, aurait été supérieur de 116,50% HT, soit 105,10% TTC par rapport au niveau en vigueur fixé au 1er octobre 2021 ».

La facture du gaz des ménages français aurait donc tout simplement être multipliée par deux, ce qui n’aura pas lieu.

Gouvernement et fournisseurs piégés par le bouclier tarifaire

La situation est plus que favorable aux ménages français qui, contrairement à leurs voisins européens, n’ont pas connu d’explosion de leurs factures de gaz et d’électricité. C’est ainsi que l’inflation en France a été inférieure à 7% en juillet 2022 sur un an, contre 8,5% en Allemagne ou encore 7,9% en Italie. Sauf que, désormais, l’exécutif est coincé.

Les tarifs du gaz bloqués ne pourront pas durer éternellement car ils présentent un risque majeur pour les fournisseurs dont les clients ont souscrit des contrats « indexés sur les tarifs réglementés ». Ils se retrouvent à devoir vendre le gaz à perte, mettant en danger leur survie.

Sauf que l’augmentation des factures qui découlerait de la levée du bouclier tarifaire, et alors que l’inflation atteint déjà des records décennaux en France, risque de renforcer la grogne sociale et de mettre en difficultés les ménages dont le budget est déjà tendu.

Économiquement, le bouclier tarifaire n’est pas tenable ; politiquement, c’est sa levée qui pose problème.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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