Eau minérale en bouteille : Foodwatch attaque Nestlé et Alma

L’organisation non gouvernementale Foodwatch a relancé une affaire qui ébranle la confiance des consommateurs français dans l’eau en bouteille : les pratiques illégales de traitement de l’eau par de grands noms de l’industrie, telles que Nestlé Waters et le groupe Alma, qui commercialisent des marques bien connues comme Cristalline, Perrier, Vittel, et Saint-Yorre. Ces entreprises auraient utilisé des méthodes de filtration non autorisées.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 21 février 2024 à 10h49
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55 CENTIMES €Le prix moyen d'une bouteille de 1,5 litre est d'environ 0,55 euro

Eau en bouteille : que reproche Foodwatch ?

Foodwatch, armée des résultats d'une enquête menée par la cellule d'investigation de Radio France et Le Monde publiée le 29 janvier 2024, accuse ces entreprises d'avoir recours à des systèmes de traitement de leurs eaux minérales interdits par la réglementation. Ces méthodes incluent l'utilisation de filtres à charbon actif et de filtres UV, pratiques normalement réservées au traitement de l'eau du robinet et non à l'eau minérale, censée être naturellement pure.

« D’après cette enquête, le gouvernement était au courant. C’est une tromperie pour les consommateurs et consommatrices, qui n’en n’ont rien su. Foodwatch va porter plainte et demande des comptes à l’État », écrivait l’ONG dans son communiqué du 31 janvier 2024. Désormais, c’est chose faite.

Pourquoi l'ONG porte-t-elle plainte ? Quelles accusations ?

La plainte déposée par Foodwatch auprès du Tribunal judiciaire de Paris ce 21 février 2024 vise à mettre en lumière ces pratiques frauduleuses et à demander des comptes non seulement aux entreprises concernées mais aussi à l'État français. L'ONG accuse l'État de complicité pour avoir été informé de ces agissements sans prendre les mesures nécessaires pour en informer les consommateurs ni les autorités européennes.

« Nestlé Waters et Sources Alma ont fait croire à leurs consommateurs qu’elles leur vendaient de l’eau minérale naturelle, conformément à ce que cela implique en termes de bienfaits pour la santé et de qualités nutritionnelles, tandis qu’elles leur vendaient, en fait, de l’eau anciennement contaminée qui avait été traitée de façon illégale. Ces techniques ont nécessairement eu un impact sur les constituants essentiels de l’eau, dès lors qu’elles ont eu pour effet de la purifier afin de la rendre potable », explique Me François Lafforgue, l’avocat de Foodwatch, cité dans le communiqué.

Une fraude massive sur l’eau en bouteille ?

Foodwatch ne se contente pas de dénoncer ; l'organisation appelle à un renforcement des contrôles, de la transparence et des sanctions dans le secteur agroalimentaire. Elle souligne l'importance de la confiance des consommateurs dans les produits qu'ils achètent et consomment au quotidien.

« La fraude est massive. Un tiers des eaux vendues en France ont ainsi subi des traitements non-conformes, dont la marque Cristaline la plus vendue mais aussi Perrier, Vittel, Hépar et Contrex notamment. Selon l’enquête des journalistes, concernant Nestlé, ce sont 100% des marques qui sont concernées par l’utilisation de traitements interdits », souligne l’ONG.

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Les neuf accusation de Foodwatch contre Nestlé et Alma

  1. Utilisation de produits et procédés de traitement qui modifient la composition de l'eau dans ses constituants essentiels ;
  2. Information fausse et de nature à induire en erreur sur les qualités substantielles du produit ;
  3. Tromperie quant aux qualités substantielles d’une marchandise ;
  4. Non-conformité portant sur une qualité substantielle du produit ;
  5. Falsification de boissons destinées à être vendues ;
  6. Absence de mention des traitements sur l’étiquetage de l’eau minérale ;
  7. Modification de la composition analytique de l’eau minérale ;
  8. Absence d’information du ministre chargé de la Santé ;
  9. Absence d’information de la Commission européenne et des Etats membres par le gouvernement ;
Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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