La France voit depuis fin 2023 le retour de la consigne pour les bouteilles en verre (et en plastique PET durci). Une pratique autrefois courante qui avait disparu avec l’avènement des emballages à usage unique. Ce système, qui consiste à retourner les bouteilles après usage contre une petite somme d’argent, se réinstalle progressivement chez les distributeurs, porté par des acteurs majeurs de la distribution et de l’industrie des boissons.
La consigne sur les bouteilles est de retour en France !
L’Île-de-France : terrain d’expérimentation de la consigne
Les distributeurs E.Leclerc, Système U, et Carrefour sont à l'avant-garde de cette initiative, expérimentant la consigne du verre et du PET durci pour réemploi en Île-de-France. C’est ce que révèle Olivier Dauvers, journaliste spécialisé dans la consommation, le 7 février 2024. Après Carrefour, qui a lancé le principe en décembre 2023, c’est donc au tour de Système U et de E.Leclerc de faire de même.
Ces enseignes s'engagent dans une démarche volontaire, en réponse à l’appel du gouvernement. Ce dernier n’a pas rendu la consigne obligatoire, malgré les demandes des défenseurs du climat, et a opté pour le principe du volontariat en septembre 2023.
Les marques s’intéressent à la consigne sur les bouteilles… pour du greenwashing ?
Des géants de l'industrie des boissons comme Coca-Cola, Vittel, Perrier, et Lorina, ainsi que des acteurs locaux tels que la brasserie Météor, se sont joints à cette démarche. Ces marques proposent désormais leurs produits dans des bouteilles consignées, disponibles dans une sélection de points de vente.
Parmi les marques, on en trouve deux propriété de Nestlé Waters (Perrier et Vittel), régulièrement épinglée pour sa pollution et tout juste au centre d’un potentiel scandale de traitement interdit de son eau. Coca-Cola, de son côté, a gagné le prix de premier pollueur plastique mondial pour la sixième année consécutive selon l’étude de l’ONG Break Free From Plastic publiée le 7 février 2024. Pas vraiment des acteurs du changement climatique…
Comment fonctionne la consigne ?
Le principe est simple : les consommateurs achètent leurs boissons dans des bouteilles consignées, moyennant une consigne de 10 à 20 centimes selon la taille de la bouteille. Une fois le produit consommé, ils rapportent les bouteilles en magasin, où des machines spéciales récupèrent les contenants et remboursent la consigne sous forme de bons d'achat.
Mais rien n’est obligatoire… et c’est ce qui pourrait faire échouer l’expérimentation. Car les consommateurs vont devoir acheter la bouteille plus cher, et également être obligés de dépenser l’argent de la consigne dans le même magasin, car le bon d’achat n’est pas valable partout. Une double contrainte et des engagements financiers qu’il n’est pas certain que les Français vont accepter de bon coeur.
La consigne obligatoire : seul moyen pour que ça marche ?
C’est justement ce que reproche l'association Zéro Waste France, acteur clé dans la lutte pour la réduction des déchets au système : son côté optionnel et facultatif, autant pour les distributeurs que pour les industriels et les consommations. Selon Charlotte Soulary, responsable du plaidoyer à Zéro Waste France, il faut « un pilotage national et des objectifs contraignants » menés par le gouvernement.
« Il y a une infrastructure et une logistique à mettre en place au niveau national, avec des standards de bouteilles réemployables, pour que la même bouteille puisse être utilisée par différentes marques. Donc tout ça, ça s'organise, ça se finance, et ça peut se mettre en place au niveau d'une région ou d'un territoire national très simplement. Pour ça, on a besoin d'une politique publique », a-t-elle expliqué à FranceInfo le 7 février 2024.