Peu réprimées par le gouvernement, les manifestations des agriculteurs ont été relativement calmes, à quelques exceptions près comme l’incendie dans une antenne de la Mutualité Sociale Agricole. Mais si les manifestations n’ont rien eu en commun avec celles de début 2023 contre la réforme des retraites, les dégâts ont été nombreux. Et, désormais, la question se pose : qui va payer la facture ?
Agriculteurs : qui va payer les millions de dégâts ?
Des millions d’euros de dégâts après le passage des agriculteurs
Les manifestations agricoles de janvier 2024 ont laissé derrière elles plus que des revendications ; elles ont gravement endommagé l'infrastructure routière. Selon des estimations préliminaires, les coûts de réparation s'élèvent à plusieurs millions d'euros. À Agen, le montant des dégâts est estimé à 400.000 euros, tandis qu'en Haute-Vienne, la facture pourrait atteindre le million d'euros. Même constat à Troyes, où les premières estimations parlent de 300.000 euros de dommages et de coût de nettoyage.
Les dégradations comprennent non seulement des routes brûlées nécessitant de gros travaux de rénovation, mais aussi des déchets déposés sur les routes, dont certains dangereux tels que de l’amiante. Et pour les autoroutes, c’est la même chose : Vinci estime à plusieurs « centaines de tonnes » la quantité de déchets déposés sur les tronçons gérés par le concessionnaire.
Dégradations des agriculteurs : qui va payer ?
Si les manifestations semblaient légitimes aux yeux des Français, la question de la responsabilité financière se pose. Les agriculteurs, déjà accablés par des charges importantes et des prix volatils, se trouvent dans une position délicate. D'un côté, leur action vise à attirer l'attention sur leurs difficultés économiques ; de l'autre, ils pourraient être tenus responsables des coûts engendrés par leurs manifestations.
Les autorités locales et les gestionnaires d'infrastructures routières sont également au centre du débat. La répartition des coûts entre l'État, les collectivités locales et les manifestants reste floue, suscitant des discussions sur la juste répartition des charges et la nécessité de trouver des solutions.
François Barouin demande à l’État de payer
François Baroin, ancien ministre, ancien sénateur et maire de Troyes, a une solution simple : il demande à l'État de prendre en charge le nettoyage et les réparations des dégâts causés par les agriculteurs. « Puisque l'État laisse faire, qu'il assume jusqu'au bout », a-t-il déclaré à l’Est Eclair le 3 février 2024.
« Je suis en train de rédiger un courrier à la préfète de l’Aube pour lui demander d’intervenir auprès du ministre de l’Intérieur pour savoir dans quelles conditions l’État va assumer de payer une partie, si ce n’est la totalité, du nettoyage. C’est l’État qui était ciblé, ce n’est pas au contribuable local de payer la facture. » Mais en voulant faire payer l'Etat, il ne fait que reporter la facture sur tous les Français...