Suite aux mouvements des agriculteurs en France, mais surtout devant le Parlement européen, la Commission européenne vient d’annoncer, mardi 6 février 202′, qu’elle rétropédalait sur un texte de loi controversé qui prévoyait de réduire l’utilisation des pesticides de moitié en Europe d’ici à 2030.
Écologie : entre agriculteurs et pesticides, l’UE a choisi
L'UE abandonne son objectif de réduire de 50% les pesticides
Initialement présenté en juin 2022, le projet de la Commission européenne visait à couper de moitié l'usage des pesticides dans l'Union européenne, dans le cadre d'un effort plus large pour rendre l'agriculture européenne plus durable. Face à la colère du monde agricole européen, asphyxiés par le mille-feuille des normes européennes, et leurs manifestations à travers les pays membres de l'UE et jusque devant le Parlement de Bruxelles, la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé l'abandon du projet de la Commission. Un rétropédalage qui sonne comme d'une victoire pour les agriculteurs européens qui craignaient de ne trouver de substituts qui puissent leur garantir une certaine rentabilité.
« La Commission a proposé le règlement SUR dans le but louable de réduire les risques des produits phytopharmaceutiques. Mais la proposition est devenue un symbole de polarisation », a reconnu Ursula von der Leyen, mettant en lumière le dilemme qui est au cœur du débat actuel : comment équilibrer les impératifs de protection environnementale avec la viabilité économique de l'agriculture européenne.
Une simple mise au placard ?
Le retrait ne signifie pas pour autant que la Commission européenne s'apprête à abandonner définitivement la question de l'usage des pesticides. Toutefois, d'après Ursula Von der Leyen, l'UE souhaite repenser son approche en favorisant un véritable dialogue entre les législateurs européens et le monde agricole. « Pour avancer, davantage de dialogue et une approche différente sont nécessaires. Sur cette base, la Commission pourrait faire une nouvelle proposition beaucoup plus mûre, avec la participation des parties prenantes » (...) « Ils (agriculteurs) savent aussi que l’agriculture doit s’orienter vers un modèle de production plus durable, nous voulons faire en sorte qu’ils restent aux commandes du processus » a tenu à souligner la présidente de la Commission européenne.
En novembre 2023, plusieurs amendements déposés par le PPE (aile droite du Parlement européen et parti d'Ursula von der Leyen) avaient vidé de sa substance la proposition de la Commission européenne, via plusieurs amendements pour limiter les contraintes « irréalistes » que le prévoyait d'imposer au monde agricole. L'annonce a été accueillie avec un mélange de soulagement et de scepticisme au sein du Parlement européen et du monde agricole. Les organisations agricoles, telles que le Copa-Cogeca, pour leur part voient dans cette décision une reconnaissance des défis auxquels elles sont confrontées et un premier pas vers la fin d'une forme « d'écologie punitive ». A contrario, et sans grande surprise, les groupes écologistes et certains parlementaires européens voient ce retrait d'un mauvais œil et comme d'un recul dans la lutte contre les effets néfastes des pesticides sur l'environnement et la santé publique. Quoi qu'il en soit, cette pause offre une opportunité de repenser la manière dont les objectifs de durabilité peuvent être atteints en collaboration avec ceux qui y sont les plus affectés par ces politiques et qui connaissant le mieux le secteur : les agriculteurs.