Emploi : investissement, les jeunes sont-ils des tanches ?

Les perceptions sur les jeunes générations sont souvent teintées de stéréotypes. Une étude menée conjointement par le think tank Terra Nova et l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), publié le 1ᵉʳ févier 2024, offre un éclairage nouveau et nuancé sur le rapport au travail des moins de 30 ans.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 1 février 2024 à 17h52
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Emploi : investissement, les jeunes sont-ils des tanches ? - © Economie Matin
52%des jeunes voient leur travail comme une source de passion et de plaisir.

 Emploi chez les jeunes, une génération sous-estimée ?

D'après l'étude de l'Apec et de Terra Nova, contrairement aux idées reçues, l'engagement des jeunes dans le monde du travail n'est pas en berne. Gilles Gateau, directeur général de l'Apec, réfute l'image d'une jeunesse apathique : « Chaque génération produit ce discours sur une jeunesse qui a moins le goût de l'effort, mais s'y est ajoutée la crise Covid, révélatrice des remises en cause du rapport au travail ». L'étude, qui a sondé plus de 3.000 jeunes actifs de moins de 30 ans et plus de 2.000 actifs de 30 à 65 ans, révèle que les attentes fondamentales envers le travail ne diffèrent en réalité pas vraiment entre les générations. La rémunération demeure en tête des priorités pour 55 % des jeunes, suivie par l'intérêt du travail (41 %) et l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle (34 %), contre 45% pour les 45-65 ans (ces derniers ayant pour la plupart une famille).

Loin de se limiter à une vision monolithique, la jeunesse actuelle se caractérise par une diversité de profils et d'aspirations. L'étude identifie six profils types parmi les jeunes : les « ambitieux » (39 %) et les « satisfaits » (14 %), qui sont majoritairement des cadres et qui ont un rapport positif au travail. Vient ensuite, les « combatifs » (20 %) et les « découragés » (10 %), pour qui le travail représente davantage une contrainte. Et enfin, les « attentistes » (11 %) et les « distanciés » (6 %), pour qui le travail fait simplement partie de leur routine.

Liberté et flexibilité, des jeunes ambitieux et en quête de sens

Un des aspects les plus marquants de cette génération est sa capacité à remettre en question son engagement professionnel. Gilles Gateau observe : « Ce qui caractérise cette génération, c'est sa capacité à quitter un emploi qui ne répond pas à ses aspirations ». Cette mobilité est souvent mal perçue par les générations précédentes, or, elle témoigne de la volonté d'une génération de trouver un emploi, non uniquement pas nécessité, mais qui soit aussi en adéquation avec leurs valeurs et leurs aspirations. Autrement dit, si les jeunes restent parfois moins longtemps dans une entreprise, ce n'est pas parce qu'ils manque d'ambition, mais bien parce que leur travail ne leur correspond pas. Dans le cas contraire, lorsqu'ils s'y sentent bien, ils peuvent s'y investir davantage que leurs aînés. En effet, contrairement à l'image d'une jeunesse désengagée, les données de l'étude révèlent un niveau d'investissement assez remarquable chez les jeunes générations. D'après cette dernière, près de la moitié des jeunes actifs (52 %) voient leur travail comme une source de passion et de plaisir, et une grande partie d'entre eux est prête à s'investir davantage, et ce, même sans rémunération supplémentaire, si cela pouvait faire progresser l'entreprise.

L'étude de l'Apec et de Terra Nova est intéressante en ce qu'elle semble casser certains clichés qui entourent les jeunes générations, tout en mettant en valeur leur volonté de contribuer activement à la vie de leur entreprise. La jeunesse d'aujourd'hui ne se distingue pas seulement par son approche du travail, mais également par son désir de progression et d'évolution. Bien évidement, l'un des principaux vecteurs de motivation pour les employés, reste la rémunération. L'étude révèle ainsi que près d'un jeune actif sur deux est prêt à sacrifier du temps libre pour une augmentation de revenu. Autrement dit, « on peut très bien demander un meilleur équilibre vie pro et vie perso comme le font les jeunes, sans que cela ne signifie qu'on est moins investi dans son travail », conclut Gilles Gateau, directeur général de l'Apec.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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