2023 a marqué un tournant dans le secteur immobilier français. Une baisse très importante des permis de construire et des mises en chantier a été observée l’an dernier, illustrant une crise profonde dans la construction neuve.
Jusqu’où le marché de l’immobilier neuf peut-il s’enfoncer ?
Les statistiques officielles du ministère de la Transition écologique révèlent une diminution notable des permis de construire en 2023, avec seulement 373.100 autorisations délivrées, marquant une baisse de 23,7 % par rapport à 2022. Cette tendance baissière s'étend également aux mises en chantier, qui ont connu un recul de 22 %, s'établissant à 287.100 logements.
Une chute alarmante des permis de construire et des mises en chantier
Ces chiffres sont d'autant plus frappants quand on les compare aux années précédentes. L'année 2022 avait vu un record de délivrances, impulsé par l'afflux de demandes avant l'entrée en vigueur de la réglementation environnementale RE2020. Cependant, les niveaux actuels sont inférieurs non seulement à ceux de 2022, mais aussi à ceux d'avant la crise du Covid-19, indiquant un repli considérable du secteur.
Ce ralentissement s'explique par plusieurs facteurs interdépendants. D'une part, la crise de la construction neuve est exacerbée par un resserrement des conditions d'emprunt, rendant l'accès au financement plus difficile pour les acheteurs potentiels. D'autre part, l'intérêt des investisseurs institutionnels pour l'investissement locatif s'essouffle, impacté par la baisse de rentabilité. Parallèlement, la hausse des coûts de construction et des prix du foncier contribue également à freiner le secteur.
Multiples facteurs à l'origine de la crise de l'immobilier
En dépit d'une légère amélioration observée en décembre 2023, avec une augmentation de 12 % des permis délivrés par rapport à novembre (principalement dans les logements collectifs et en résidence), le président de la Fédération des promoteurs immobiliers, Pascal Boulanger, reste prudent : « Le chiffre du mois de décembre est une bonne nouvelle, mais n’est pas significatif. Nous continuons à voir que ça continue à baisser et que ça ne va pas repartir ».
Face à cette situation préoccupante, le Premier ministre Gabriel Attal a proposé un « choc d’offre », visant à simplifier les normes, faciliter la densification et accélérer les procédures de construction. Toutefois, ces mesures sont accueillies avec scepticisme par certains acteurs du secteur, comme Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l'immobilier, qui doute de la volonté réelle du gouvernement de faire du logement une priorité.