Le management, un métier à part entière

La tendance est mondiale : être manager ne fait plus rêver ! Dans les pays occidentaux, seul un employé sur dix aspire à devenir responsable d’équipe et seulement 37% de ceux qui le sont souhaitent le rester dans les prochaines années1 En France, seuls 32% des managers estiment que leur fonction comporte plus d’avantages que d’inconvénients, contre une moyenne de 41% sur l’ensemble du panel, et 85% pensent qu’il est plus compliqué de gérer des équipes aujourd’hui qu’auparavant.

O Herlin
Par Olivier Herlin Publié le 26 janvier 2024 à 4h30
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manager, france, tendance, métier - © Economie Matin
10%Seul un employé sur dix aspire à devenir responsable d’équipe.

Cette situation s’explique principalement par un contexte qui, en quinze ans, s’est significativement complexifié, alors que face à cette réalité, peu de formations sont adaptées pour aider à exercer cette fonction, de plus en plus sensible. De plus, dans de nombreuses organisations, les dirigeants partent du principe que lorsque les salariés sont expérimentés et performants, ils feront naturellement de bons managers…

Les différents fantasmes contre-productifs des managers…

Manager, c’est « faire faire » dans un environnement instable et complexe, avec des interactions à 360°, qui conduisent à gérer de nombreux paradoxes : aller vite tout en prenant du recul, imposer parfois mais consulter souvent, s'occuper de chaque collaborateur sans jamais oublier le collectif, être relai d’information sans pouvoir toujours tout dire …

Face à ces injonctions très contradictoires, les managers développent couramment des attitudes qui vont contrevenir à leur efficacité et leur bien-être :

  • L’omniscience, qui les conduit à se sentir obligés de tout savoir et de donner une réponse immédiate à toutes les demandes de leurs collaborateurs.

  • L’omniprésence, qui les pousse à vouloir être au courant de tout et donc à l’excès de contrôle : grosses journées et faible autonomie pour l’équipe.

  • La rationalité absolue qui leur faire croire que « si tout est bien organisé, tout se passera bien » … alors que le quotidien d’un manager c’est justement de gérer des problèmes.

  • L’adhésion unanime qui les conduit à rechercher l’impossible assentiment systématique de l’équipe dans les décisions prises et donc faire passer leur popularité avant tout.

  • Le miroir qui les met dans l’illusion que tous leurs collaborateurs seront exigeants, motivés et compétents comme eux, alors que manager c’est faire travailler ensemble des gens souvent très différents d’eux-mêmes.

Être manager aujourd’hui, ou comment gérer la complexité au quotidien

A ces paradoxes et à ces fantasmes s’ajoute une complexité qui n’a cessé de croître ces dernières années. En cause :

  • La grande hétérogénéité des équipes, avec des CDI, des CDD, des intérimaires, des stagiaires, des indépendants, des vacataires, des alternants, des temps pleins, des temps partiels, du télétravail et du présentiel….

  • L’énorme pression concernant le respect d’un nombre grandissant de réglementations diverses : droit du travail, politique RSE, conformité sécurité, gestion de risques invisibles…

  • La nécessaire gestion de sujets sensibles tels que l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle, la prévention de tout type de discrimination, les plaintes pour harcèlement…

Miser sur l’expérientiel pour former efficacement les managers

Les formations au management doivent donc tenir compte de ce qui précède et s’écarter résolument de modules trop théoriques : on n’a jamais vu des gens changer de comportements à la suite d’une longue projection de slides ! En revanche, des partages d’expériences, des mises en situation, une pédagogie résolument ludique (parfois même enrichie par la présence de comédiens pour des jeux de rôle immersifs) amènent beaucoup plus sûrement les participants à s’interroger sur leurs pratiques et à les faire évoluer. Capitaliser sur les expériences de chacun, partager les bonnes pratiques et s’entrainer les conduira à faire évoluer leur attitude pour plus d’efficacité et de fluidité dans le management de leurs équipes.

Faites l’expérience : interrogez l’un de vos proches sur les qualités et les défauts des managers qu’il a connus. Il mettra inévitablement l’accent sur des compétences relationnelles, du « savoir être ». Former des managers revient donc à travailler avant tout leur développement personnel pour les aider par exemple à :

  • Oser dire non

  • Prendre des décisions et assumer un véritable courage managérial

  • Arrêter d’être perfectionniste

  • Gérer leur stress

  • Faire confiance

La force d’une entreprise dépend beaucoup de l’efficacité de ses managers et donc de leur flexibilité comportementale… Arrêtons donc de leur fournir, lors de formations trop théoriques, de longues listes d’outils plus ou moins applicables mais misons sur l’expérientiel afin de les aider à gérer plus aisément un environnement d’une complexité croissante, et ainsi, exercer plus sereinement un métier qui demeure passionnant !

1 Ipsos pour le Boston Consulting Group (BCG)

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O Herlin

Responsable du département Management et Communication CIEFOP (1991 à 1996) Consultant et coach au sein du département Management et Développement des Personnes de la CEGOS (1996 à 2001) Responsable du pôle formation d’Anthos, cabinet RH et recrutement (2001-2004) Consultant associé de Pactes Conseil depuis 2004

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