Défaillances d’entreprises en baisse : les PME les plus fragiles sont déjà mortes

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 8 juillet 2014 à 9h53

On devrait se réjouir de la nouvelle. Malheureusement, la baisse du nombre de défaillances d'entreprises au 1er juillet 2014, -4,1 % établie par le cabinet Altares-D&B, n'est pas un si bon signe. Elle révèle surtout que les entreprises les plus fragiles ont succombé à la crise au cours des cinq dernières années, et que le volume de "malades" commence à se réduire parce que les autres sont déjà morts !

Le nombre de défaillances depuis 2008 en est la preuve : Ainsi, en 2008, au 1er juillet, "seules" 12 412 entreprises étaient soit en procédure de sauvegarde (le moins grave des stades de la défaillance) soit en redressement judiciaire, soit avaient fait l'objet d'une liquidation directe. Mais dès 2009, avec la crise des subprimes qui contractait le crédit aux entreprises et faisait s'effondrer la consommation et le PIB, 15 265 entreprises étaient en difficulté, dont 10 171 en liquidation. 2000 de plus qu'en 2008 ! Ce n'est qu'en 2012 qu'un reflux significatif a été observé : 2012, année de la sortie de crise autoproclamée. Le nombre de défaillances atteignait 13 722 cette année là, et "seulement" 9 146 liquidations judiciaires. Or, dès 2013, ces statistiques sont reparties à la hausse : 15 008 entreprises en difficulté, 10 296 liquidations. 2014, avec 14 386 entreprises en difficulté et 9812 liquidations directes affiche donc un léger mieux par rapport à 2013, en apparence, mais les apparences sont trompeuses.

En effet, dans le lot d'entreprises en difficulté, si le nombre de PME de moins de 50 salariés reflue légèrement, le nombre de TPE, les plus "souples" en période de crise (dans les petites structures, on peut plus aisément réduire les coûts, faire de la trésorerie sur le paiement des salaires, à commencer celui du patron et de la famille salariée), explose ! Les TPE comportant 1 ou 2 salariés sont plus de 5200 à être en cessation de paiement, soit 19 % de plus qu'en 2013.

Les victimes sont bien sûr les commerces de détail : habillement, bars-restaurants, restauration rapide, victime de la baisse de la consommation des ménages dans ces secteurs. Les débit des boissons en particulier trinquent : les liquidations judiciaires ont progressé de 68 % dans ce secteur en un an ! + 29 % pour les boutiques, notamment d'habillement. Autre victime identifiée : le bâtiment, ou les petites entreprises de maçonnerie ou de second oeuvre souffrent de la crise du logement, avec 1363 liquidations, soit 10 % de plus qu'en 2013.

Nul besoin d'être un grand économiste pour comprendre ce qui est en train de se passer : il suffit de se promener en périphérie de ville, dans les zones commerciales, et de compter le nombre d'enseignes qui ont tiré le rideau. Même chose en centre-ville, dans les rues jouxtant les axes les plus commerçants : des boutiques qui profitaient de la chalandise des voies les plus passantes ont dû fermer, faute de volume de clientèle suffisant. Même chose pour les petits restaurants, ou fast-foods indépendants. Or, ces grandes surfaces thématiques, ces petites boutiques, une fois fermées, ne sont pas remplacées par d'autres. La preuve : le nombre de créations d'entreprises a encore chuté en mai dernier de 1,4 %...

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).