Les Prêts Garantis par l’État (PGE) se révèlent être une charge de plus en plus lourde pour les dirigeants de très petites entreprises (TPE). Initialement conçus comme un soutien durant la crise du Covid-19, ces prêts entravent désormais la capacité de ces petites structures à investir et à se développer.
Le PGE va-t-il couler des milliers de petites entreprises ?
Chiffre d’affaires en baisse, coûts d’exploitation en hausse : les TPE prises en étau
Les Prêts Garantis par l’État (PGE), distribués massivement aux très petites entreprises (TPE) au plus fort de l’épidémie de Covid-19, en 2020, auraient-ils fait plus de mal que de bien ? Dans un article paru le 6 novembre 2023, Le Figaro relate l’histoire de Margaux dos Santos, à la tête d'une boutique de lingerie. Après avoir bénéficié d'un PGE de 7.000 euros pour renflouer sa trésorerie, elle fait face aujourd'hui à une baisse significative de son chiffre d'affaires, conjuguée à une hausse des coûts des matières premières et de l'énergie. La nécessité de rembourser son prêt tout en gérant des recettes en déclin l'oblige à réduire considérablement sa rémunération personnelle, une situation malheureusement commune à beaucoup de petits entrepreneurs.
Et son histoire n’est pas isolée. Le Syndicat des indépendants (SDI) révèle que la majorité des TPE s'efforcent de réduire leurs dépenses pour honorer le remboursement de leur PGE, impactant directement leur rémunération et leurs capacités d'investissement. « Nous rejoignons la Fédération bancaire française (FBF) dans le constat selon lequel ce sont les TPE qui rencontrent le plus de difficultés pour le remboursement de leur PGE, jusqu’à la liquidation judiciaire d’un trop grand nombre d’entre elles », déplorait Marc Sanchez, le secrétaire général du SDI, le 21 septembre 2023.
Pour la Banque de France, « le remboursement des PGE s’effectue sans difficulté avérée »
Pour la Banque de France, la situation est cependant loin d’être critique. Dans sa dernière communication sur le sujet le 4 octobre 2023, intitulée « L’accès des TPE aux crédits de trésorerie », l’institution constatait que pour une très grande majorité des très petites entreprises (TPE), les PGE sont venus abonder directement la trésorerie sans être tirés jusqu’à la fin de la pandémie. « À ce stade, le remboursement de ces prêts, tout en contribuant à la baisse des trésoreries disponibles, s’effectue sans difficulté avérée avec, au 30 juin 2023, 15,5 des 39 milliards octroyés aux TPE déjà remboursés (soit une proportion de 40 %, un peu inférieure à la moyenne de 45 % pour toutes les tailles d’entreprises) », pouvait-on y lire.
Les PGE ont en effet été massivement et rapidement distribués par les banques, les encours s’élevant à 143 milliards d’euros, avec un faible taux de refus estimé à moins de 3%. Les TPE ont été les principales bénéficiaires de ce dispositif en nombre d’entreprises concernées (80%), pour des montants accordés de 39,5 milliards d’euros (soit 27% du total des sommes distribuées via le PGE).
Selon Bpifance, la proportion des PME ayant des difficultés de remboursement n’a pas augmenté
La dernière enquête semestrielle de conjoncture de Bpifrance auprès des PME ne donne pas de raisons de s’inquiéter outre mesure non plus. On y lit que 15% des TPE déclarent avoir rencontré des difficultés pour financer leur exploitation courante, soit une proportion identique à l’époque d’avant le Covid-19 (cette proportion était de 14% en novembre 2019). « Les conditions restent dans l’ensemble jugées favorables, la part des TPE ayant des difficultés restant en dessous de la moyenne de long terme (20%) », fait savoir Bpifrance.
Toujours est-il que le besoin en fonds de roulement a augmenté. « La crise sanitaire puis le contexte inflationniste ont pesé sur le besoin en fonds de roulement d’exploitation (BFRE) des TPE, reflétant ainsi leur besoin de financement à court terme pour faire face aux décalages de trésorerie issus de leurs activités courantes : le montant moyen des BFRE s’est accru de 27% entre 2019 et 2022, soit une augmentation moyenne annuelle de 8,4% sur trois ans mais, après la forte augmentation en 2020, il s’est réduit exprimé en jours de chiffre d’affaires, revenant de 26,5 jours en 2020 à 25,3 jours en 2022 », fait savoir la Banque de France.