Le dossier que veut ouvrir Jean-Baptiste Djebbari est explosif. Le ministre délégué aux Transports veut en effet discuter avec les syndicats de la SNCF autour des billets gratuits ou à prix réduits dont bénéficient les cheminots et leurs familles.
Un rapport commandé par le gouvernement a calculé que les facilités de circulation accordées aux cheminots et leurs ayants droit avaient représenté une perte pour la SNCF de 105 millions d'euros l'an dernier. Pour un agent actif et ses ayants droit, la perte est évaluée à 404 euros par an. « Au regard de la valeur monétaire des avantages en nature accordés par d'autres entreprises à leurs salariés, ce montant ne paraît pas exorbitant », reconnaissait les auteurs de l'étude. Néanmoins, ces derniers mettaient en garde contre l'importance du périmètre d'application de ces facilités et craignent que ces réductions tarifaires n'aboutissent à « la gratuité totale du service ».
Problème de concurrence
C'est dans ce contexte que Jean-Baptiste Djebbari veut ouvrir ce dossier au potentiel explosif. Au micro de RMC, le ministre délégué aux Transports se dit sur le principe « d'accord à ce que les cheminots gardent des avantages en nature ». Mais le sujet, selon lui, « la spécificité de la SNCF, c'est que le périmètre est très large ». En 2020, 328.144 cheminots actifs et retraités profitaient de ces réductions, ainsi que 786.692 ayants droit (partenaires, enfants de moins de 21 ans, étudiants et ascendants). La loi sur la réforme ferroviaire de 2018 pose le principe d'une garantie salariale pour les cheminots transférés à la concurrence. La question de la réduction des prix des billets va se poser.
Une concertation dans les prochains jours
Le gouvernement va engager la concertation avec les syndicats cette semaine, « l'idée c'est de pouvoir régler ce sujet-là avant qu'on ait un système de mise en concurrence », a ajouté Jean-Baptiste Djebbari. Le ministre se dit favorable à des facilités de circulation pour les cheminots. Mais « il faut voir le périmètre, en tout cas en discuter. C'est une question de crédibilité, en tout cas d'acceptabilité du système ». Il sait bien que ces avantages en nature sont mal perçus par le grand public.