Le 27 octobre 2023 marque le premier anniversaire de l’acquisition de Twitter par Elon Musk, rebaptisé « X ». Depuis ce rachat, les problèmes et les inquiétudes s’enchaînent sur le réseau social, désormais sans quasiment aucune modération. Un collectif français lance donc un appel aux utilisateurs de la plateforme : le #NoTwitterDay. Une journée entière pour boycotter Elon Musk et ses décisions.
#NoTwitterDay : boycottez le nouveau Twitter d’Elon Musk
L’initiative sera-t-elle suivie ? Ou est-ce que le #NoTwitterDay sera un flop ?
#NoTwitterDay : l'origine de l'appel au boycott de Twitter
Il y a un an, en octobre 2022, Elon Musk, le magnat de la technologie, s'est offert Twitter, rebaptisé depuis "X". Une opération à 44 milliards de dollars, qui a presque commencé comme une blague et qui s’est transformée en bataille judiciaire. Elon Musk, après avoir fait son offre, semblait réticent à finaliser l’achat, et les anciens dirigeants et actionnaires de Twitter ont dû saisir la justice pour forcer le milliardaire à tenir parole.
Depuis cette acquisition, malheureuse, la plateforme a été le théâtre de nombreux bouleversements. Elon Musk a licencié une grande partie des employés. Une situation qui a causé un délitement de Twitter à cause, notamment, d’une modération insuffisante, de la propagation de discours haineux, de fausses informations et de la mise en place d'un système de certification payant.
Le #NoTwitterDay ce n’est pas seulement une grève du tweet
En réponse à ces dérives de plus en plus dénoncées, en France un collectif composé de journalistes, chercheurs, humoristes et autres personnalités publiques a vu le jour. Ces 28 signataires ont publié une tribune dans Le Monde, appelant à un boycott général de Twitter le vendredi 27 octobre 2023. Leur objectif ? Lutter contre l'hégémonie d'une plateforme qu'ils jugent désormais toxique.
Plus qu'un simple appel au boycott, le collectif encourage les utilisateurs à ne pas se connecter du tout à Twitter pendant 24 heures. D’où le #NoTwitterDay. Une manière de montrer leur mécontentement face aux décisions d’Elon Musk... et d'exiger une plateforme plus respectueuse des faits et de la dignité des personnes.
Les signataires regrettent notamment le soutien du PDG à des théories du complot et appellent à une prise de conscience collective sur les dangers de la désinformation.
« Fin septembre, plusieurs organisations américaines de lutte contre le racisme et l’antisémitisme se sont ainsi alarmées publiquement de ce que X était devenu « un terrain fertile pour certains des discours les plus dangereux », notamment ceux à caractère complotiste. Récemment, avec la reprise des hostilités ouvertes en Israël et dans la bande de Gaza, les défauts de la modération y sont apparus de manière spectaculaire. Des images d’une violence inouïe, pouvant à tout moment être vues par des mineurs, ont inondé le réseau social.
Elles se sont accompagnées d’un flot de désinformation exceptionnel. Cette situation est aggravée par le retour sur la plate-forme de centaines de milliers de comptes toxiques de désinformation qui en avaient été bannis dans le sillage de l’assaut contre le Capitole de Washington le 6 janvier 2021 », peut-on lire sur la tribune.
Le #NoTwitterDay va-t-il dépasser les frontières françaises ?
L'ampleur de cette initiative reste à déterminer. Bien que l'appel soit principalement franco-français, son succès dépendra de la mobilisation massive des utilisateurs. Mais aussi du relais que fera la presse étrangère de cette journée d’appel au boycott.
La première année, sauf surprise, le #NoTwitterDay risque d’être peu présent sur le réseau social. Mais l’initiative pourrait faire des émules avec le temps. Si, toutefois, X (ex-Twitter) survit à son nouveau propriétaire. Car les signaux envoyés sur le front des revenus publicitaires, de la valeur de l’entreprise ou encore de l’engagement des utilisateurs ne sont guère positifs. Rien qu’en France, le trafic sur le réseau social a chuté de plus de 10%… depuis qu’Elon Musk a racheté l’entreprise.
Les signataires de la tribune pour le #NoTwitterDay
Premiers signataires : Tristan Mendès France, maître de conférences associé à Paris Cité ; Julien Pain, rédacteur en chef et présentateur de Vrai ou faux sur franceinfo tv ; Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch.
Sophia Aram, humoriste et chroniqueuse ; Rachid Benzine, politologue et romancier ; David Chavalarias, directeur de l’Institut des systèmes complexes de Paris (CNRS) ; Samuel Etienne, journaliste, streamer ; Aude Favre, journaliste, présidente de l’association Fake Off ; Rahaf Harfoush, anthropologue numérique ; Thomas Huchon, journaliste et réalisateur ; Valérie Igounet, historienne, directrice-adjointe de Conspiracy Watch ; Etienne Klein, philosophe des sciences et directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ; Karine Lacombe, professeur de médecine, Sorbonne Université ; Patricia Loison, journaliste sur franceinfo tv ; Nicolas Martin, éditeur scientifique, auteur et réalisateur ; David Medioni, journaliste, directeur de l’observatoire des médias de la Fondation Jean-Jaurès ; Delphine Minoui, grand reporter au Figaro, Tania de Montaigne, écrivaine ; Thierry Moreau, journaliste sur France 5 (CMédiatique) et RMC (Estelle Midi) ; Lise Pressac, journaliste indépendante ; Salomé Saqué, journaliste ; Clara Schmelck, journaliste, chargée d’enseignement à Sciences Po Strasbourg ; Jean-Bernard Schmidt, directeur délégué du Centre de Formation des Journalistes (Paris) ; Benjamin Sire, journaliste à Franc-Tireur ; Michaël Szadkowski, directeur de la rédaction du HuffPost ; Mélanie Taravent, journaliste et présentatrice sur France 5 ; Emilie Tran Nguyen, journaliste et présentatrice à France télévisions.