Olivier Koch est directeur de PARK NOW France et Suisse.
Olivier Koch : Quand se garer devient une question de données
Lyon, les chercheurs du CNRS ont estimé que 10 % du trafic routier total est causé par la recherche d’une place de stationnement, et ce même alors que 30 % des places sont disponibles. Les zones de stationnement sont-elles trop éloignées des lieux d’intérêt en ville ? Les manœuvres pour se garer gênent-elles les autres usagers de la route au point de créer des goulots d’étranglement ? Les taux d’occupation en ouvrage et en voirie sont-ils optimaux ?
Ces questions peuvent toutes trouver leurs réponses dans l’analyse de données. Mais encore faut-il savoir où, quand et comment les collecter. L’analyse des résultats peut démontrer les faiblesses du schéma de circulation et de stationnement, et contribuer par la même occasion à des prises de décision rationnelles. Comment les villes peuvent-elles mettre la donnée au service d’une optimisation des flux et des politiques de stationnement ?
Tout est donnée
Depuis le début des années 2000, les objets connectés font partie de nos villes : du lampadaire commandé à distance aux feux tricolores synchronisés pour fluidifier la circulation, de plus en plus d’infrastructures urbaines sont reliées au réseau pour en faciliter l’utilisation et l’entretien.
En plus du pilotage et de la programmation, il est également possible de récolter des données de chaque objet, à l’instar des voitures connectées. Les évolutions technologiques ont permis d’obtenir de plus en plus d’informations sur toute l’activité et les comportements au sein des villes, de l’état de la circulation au nombre de places disponibles pour le stationnement en passant par la qualité de l’air.
Dans le domaine du stationnement, la gestion des données constitue un enjeu stratégique pour la gestion du territoire et accompagne les prises de décisions en matière de mobilité, avec une dimension objective et quantifiable sur les situations à adresser.
Optimiser, économiser, réguler
Les villes intègrent de plus en plus la donnée au sein de leurs processus de décision afin d’améliorer la gestion du stationnement, et ce phénomène est de plus en plus prégnant en France. Par exemple, l’analyse dans le temps permet d’identifier et d’anticiper les comportements des usagers, pour ainsi adapter en conséquence leurs offres. Lorsque des zones sont sursollicitées, les extensions de stationnement peuvent être décidées, alors qu’à l’inverse, quand l’offre dépasse largement la demande, il devient possible de réaliser des économies conséquentes sur les infrastructures en la réduisant.
De plus, depuis la loi Maptam, votée en 2014 et applicable depuis 2018, les villes ont l’entière responsabilité de leur parc de stationnement jusqu’à la sanction en cas d’infraction. En visualisant les données, il devient possible de dimensionner en temps réel les équipes de contrôle en fonction de l’occupation des places de stationnement, mais également de repérer les zones où les paiements sont le moins respectés pour identifier les causes et trouver des solutions concrètes. Par exemple, un horodateur ou une signalétique mal placée peuvent induire le conducteur en erreur sur la gratuité d’une zone.
Numériser, partager
La transition vers une gestion entièrement numérique du stationnement, qui déplace le processus de paiement des conducteurs depuis les horodateurs vers leurs téléphones portables, présente plusieurs avantages pour les villes. Cette approche limite les coûts d’investissements substantiels et la maintenance continue associée aux horodateurs traditionnels. Cependant, en raison de la diversité des sources de données impliquées, il devient essentiel de faciliter le partage et l’uniformisation des données entre les acteurs impliqués dans l’écosystème du stationnement. En collaboration avec les municipalités, associations et entreprises, ils peuvent œuvrer ensemble à un plan d’urbanisme optimal pour désengorger certains quartiers ou réduire les émissions carbones de certaines zones, et ainsi rendre les villes plus agréables à vivre.
Dans ce contexte, les entreprises proposant des solutions qui s’appuient sur la collecte de données deviennent des partenaires de choix dans la conception des mobilités de demain. En tirant parti des technologies existantes, les municipalités peuvent réaliser des économies considérables en termes de ressources et d’investissements pour améliorer le quotidien des citadins, tout en préservant les intérêt des automobilistes.