Face aux pénuries de médicaments, et notamment d’antibiotiques, le gouvernement français envisage de rendre obligatoire la vente à l’unité de certains d’entre eux. Cette mesure, prévue dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, vise à réduire le gaspillage et à assurer l’approvisionnement en cas de pénurie.
Vente à l’unité d’antibiotiques en cas de pénurie : le gouvernement prend des mesures
Des mesures contre les pénuries de médicaments
À l’approche de la période des maladies hivernales, le gouvernement français a annoncé, ce mercredi 20 septembre 2023, son intention de rendre obligatoire la vente à l'unité de certains médicaments, en particulier les antibiotiques, en cas de pénurie. Cette décision vise à garantir l'approvisionnement en médicaments essentiels et à réduire le gaspillage. La mesure devrait être intégrée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, dont l'examen par le Parlement est prévu à la fin du mois. Elle intervient après les pénuries d'amoxicilline, un antibiotique couramment utilisé, lors de l'hiver 2022-2023.
Interrogations et défis pratiques
Cette initiative est accueilli avec réserve par les pharmaciens, qui craignent des défis pratiques et de traçabilité. « Découper les blisters [coques d’emballage], ce n’est pas la bonne réponse. Pour la traçabilité en numéro de lot, c’est une vraie galère », estimait récemment Pierre-Olivier Variot, le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine, auprès de l'Agence France-Presse (AFP). Les produits pharmaceutiques sont soumis à des normes strictes de conditionnement. Pourtant, la vente à l'unité des antibiotiques avait déjà été expérimentée en France entre 2014 et 2015 pour une dizaine d'entre eux, dans soixante-quinze pharmacies de ville, avec l'objectif de réduire le gaspillage.
Mesures complémentaires pour éviter les pénuries
En plus de la vente à l'unité, le gouvernement français cherche à prévenir les pénuries de médicaments par d'autres mesures. Parmi celles-ci, on trouve la relocalisation de la production de médicaments essentiels, la révision des prix de certaines molécules, et une meilleure gestion des stocks. Le ministre délégué à l'industrie, Roland Lescure, a également annoncé « un plafonnement de la contribution financière des laboratoires à l'Assurance-maladie lorsque leur chiffre d'affaires dépasse un certain seuil ». De plus, en cas d'arrêt de production d'un médicament d'intérêt thérapeutique majeur sans repreneur, « l’État pourra demander à l’entreprise de céder gratuitement l’exploitation du médicament pendant deux ans », a-t-il ajouté.
Des hausses de prix
Côté prix, il existe un véritable bras de fer avec les industriels sur certains médicaments. Mais, par exemple, le gouvernement a d’ores et déjà annoncé que le prix de vente de l’amoxicilline, l’antibiotique le plus vendu en France, augmentera de 10%. Cette hausse de tarif doit inciter les fabricants à privilégier le marché français, à ne pas délocaliser, voire relocaliser. En échange de ce coup de pouce tarifaire, les industriels seront obligés de garantir des stocks et des approvisionnements dans l’hexagone.