Minima sociaux : une précarité grandissante en France

L’étude annuelle de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) révèle des données préoccupantes concernant l’évolution du pouvoir d’achat des bénéficiaires de minima sociaux. Entre 2021 et 2022, une baisse significative est observée, impactant directement le quotidien de millions de Français.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 29 septembre 2023 à 7h00
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Minima sociaux : une précarité grandissante en France - © Economie Matin
24%24% des bénéficiaires de 35 à 64 ans ont perçu un minimum social chaque fin d'année entre 2011 et 2021.

Les montants des minima sociaux en France

La DREES, dans son ouvrage annuel "Minima sociaux et prestations sociales" paru le 29 septembre 2023, met en lumière les montants maximaux mensuels des minima sociaux en 2023. Pour une personne seule sans enfant, il est de 207 euros pour un bénéficiaire de l'Allocation pour Demandeur d'Asile (ADA), 608 euros pour le Revenu de Solidarité Active (RSA), 961 euros pour le minimum vieillesse et 971 euros pour l'Allocation aux Adultes Handicapés (AAH).

Au 1er janvier 2023, le montant du RSA représente 44% du SMIC net à temps plein, tandis que l'AAH atteint 71%. Ces chiffres, bien que révélateurs, cachent une réalité plus sombre : en période d'inflation, l'indexation des minima sociaux peut entraîner une perte de pouvoir d'achat. Entre janvier 2021 et janvier 2022, cette perte a été de 2,7% pour les bénéficiaires du RSA et de l'AAH.

« Sur longue période, le pouvoir d’achat du barème du RSA (revenu minimum d’insertion [RMI] jusqu’en 2009) a augmenté de 9% entre 1990 et 2023, celui de l’AAH de 26%, alors que le pouvoir d’achat du Smic brut à temps plein a augmenté de 33% », écrit la DREES. Une inégalité majeure qui touche directement les ménages aux plus faibles revenus.

Le nombre d’allocataires des minima sociaux dépasse les 4 millions

Après une augmentation notable en 2020 due à la crise sanitaire, le nombre d'allocataires de minima sociaux a chuté de 3,2% en 2021, souligne la DREES. Toutefois, une légère hausse est observée en 2022, avec une augmentation de 0,4%, portant le total à 4,34 millions fin 2022.

Les effectifs du RSA ont connu une forte baisse en 2021 (-6,2%) et une diminution moindre en 2022 (-2,3%). À l'opposé, le nombre de bénéficiaires de l'AAH a connu sa plus forte croissance annuelle depuis dix ans (+3,4%), atteignant 1,29 million fin 2022. La hausse devrait se poursuivre en 2023 avec le changement de calcul de l’AAH. Le gouvernement a finalement acté la déconjugalisation de cette aide, comme le réclamait la gauche depuis plusieurs années.

Une évolution qui est inversée pour les bénéficiaires de l’ADA. « Après s’être nettement replié en 2021 (-24,1 %), le nombre d’allocataires de l’ADA croît fortement en 2022 (+45,3 %), pour atteindre un niveau un peu supérieur à celui de 2019. »

Minima sociaux : les personnes aux RSA ont une situation instable

Environ un quart des bénéficiaires du RSA sortent des minima sociaux d'une année à l'autre. Cependant, nombreux sont ceux qui y retournent. Parmi les bénéficiaires du RSA âgés de 35 à 64 ans fin 2021, 41% sont sortis au moins une fois des minima sociaux au cours des dix années précédentes, puis y sont revenus.

De plus, une part importante des bénéficiaires du RSA reste dans les minima sociaux de manière très durable. 24% des bénéficiaires de 35 à 64 ans ont perçu un minimum social chaque fin d'année entre 2011 et 2021.

L'accompagnement des bénéficiaires du RSA

Fin 2021, parmi les 2,1 millions de bénéficiaires du RSA, 98% sont concernés par les "droits et devoirs" associés à cette prestation. 86% d'entre eux ont été orientés par leur conseil départemental vers un organisme d'accompagnement.

38% des bénéficiaires du RSA fin 2021 sont inscrits à Pôle emploi en catégorie A, B ou C. L'accompagnement des bénéficiaires du RSA est plus intensif que celui de l'ensemble des inscrits, avec 23% bénéficiant d'un accompagnement renforcé.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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