L’année 2023 est difficile pour les fonds en euros des assurances vie avec une décollecte de 17,8 milliards d’euros. Entre taux d’intérêt volatils et concurrence du Livret A, les compagnies d’assurance ont du mal à garder la tête hors de l’eau.
Assurances vie et fonds en euros : Un déficit alarmant
Le livret A triomphe, les fonds en euros s'enfoncent
Voilà une nouvelle qui ne réjouit pas les compagnies d'assurance vie : la remontée rapide des taux d'intérêt. Ce mouvement attendu mais redouté affecte directement les fonds en euros, principalement constitués d'obligations. Pendant des années, les assureurs ont investi dans des obligations à faible rendement en raison de la baisse des taux. Mais voilà, le vent a tourné. Si cette hausse a boosté le rendement du Livret A à 3%, les fonds en euros peinent à suivre avec un maigre 2% en 2022. Le dilemme est cruel pour les assureurs : vendre leurs obligations actuelles à perte pour acheter de nouvelles plus rentables, ou les conserver et voir le rendement du fond baisser.
Pour tenter de redresser la barre, les compagnies d'assurance ont sorti l'artillerie lourde : des offres de bonification sur le taux 2023. Malheureusement, les épargnants restent de marbre. Ils se ruent vers le Livret A, séduits par son rendement supérieur et son exonération fiscale. Ajoutez à cela un effet « pouvoir d'achat » dans un climat économique instable, et vous obtenez des Français qui piochent dans leur épargne plutôt que de l'investir. Résultat ? Le fonds en euros n'arrive plus à compenser ses sorties par de nouveaux versements, creusant un déficit préoccupant.
Des mesures de sauvegarde suffiront-elles ?
Les statistiques parlent d'elles-mêmes : selon France Assureurs, les fonds en euros de l'assurance vie sont en décollecte de 17,8 milliards d'euros depuis le début de l'année 2023, avec une accélération notable en juillet. Les sorties sur les contrats d'assurance vie ont bondi de 19% par rapport à la même période en 2022. Ce cercle vicieux est loin de rassurer les assureurs, déjà en proie à des difficultés de rendement sur ces produits.
Malgré ce tableau peu reluisant, Franck Le Vallois, directeur général de France Assureurs, tente de rassurer. Les assureurs ne sont pas totalement démunis. Ils ont constitué des « réserves de capitalisation » pour amortir les moins-values et ont des provisions en réserve. Reste à savoir si cela suffira à redresser une situation compromise, mais pas désespérée. Le secteur se trouve à un carrefour, et les choix à venir seront déterminants pour sa survie.