BRICS : l’or, le choix le plus pertinent pour une nouvelle monnaie

L’ambassade russe du Kenya l’avait annoncé début juillet 2023 : « les pays des BRICS [Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, qui seront rejoints dès janvier 2024 par l’Iran, l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis] envisagent le lancement d’une nouvelle devise pour le commerce, qui s’adossera sur l’or ».

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Par Laurent Schwartz Publié le 31 août 2023 à 4h30
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BRICS : l’or, le choix le plus pertinent pour une nouvelle monnaie - © Economie Matin
57710 EUROSLe lingot d'or de 1 kilo valait 57.710 euros le 30 août 2023.

Une information relayée par Russia Today, chaîne contrôlée par le Kremlin, qui avait laissé perplexe les experts. Le sommet qui s’est déroulé du 22 au 24 août 2023, en Afrique du Sud, n’a pas apporté davantage d’éclaircissements sur le sujet et n’a abouti à aucun consensus, ni décision claire. Mais si les BRICS décidaient finalement de passer à l’acte dans les prochains mois, adosser leur monnaie à l’or pourrait se révéler particulièrement pertinent.

Le mobile : l’affirmation d’un bloc

Les BRICS ont désormais dépassé le G7 en termes de poids dans l’économie mondiale. Et l’élargissement du bloc est donc acté et renforcé, avec l’annonce de 6 nouvelles adhésions.

Pour que ce bloc économique prospère, il faut également plus d’intégration et moins de dépendance à l’extérieur. D’où l’idée de réduire la dépendance au dollar, qui est la monnaie de référence du commerce international mais surtout une arme de sanction économique. La dédollarisation a logiquement été maintes fois mentionnée par les officiels BRICS et ce bien avant le sommet, à l’image de Lula, à Shanghai, le 13 avril 2023 : « Pourquoi tous les pays seraient-ils obligés de faire leurs échanges en se basant sur le dollar ? Qui a décidé que le dollar serait la monnaie de référence ? »

Pourquoi l’or ?

Une nouvelle devise pour le commerce ne signifie pas que le yuan, le réal, le rouble, le rand et la roupie disparaitraient. Chaque état a trop besoin de garder la souveraineté sur sa monnaie, qui est un instrument clé de stabilité sociale intérieure. Et créer une nouvelle monnaie supranationale n’est pas simple. L’histoire de l’Euro et ses nombreuses crises en est l’exemple incarné, principalement en raison d’une intégration inachevée.

Dès lors, comment inspirer confiance dans une devise, surtout entre pays non homogènes et non limitrophes ? La réponse possiblement apportées par les BRICS : l’adosser à quelque chose d’universel, stable et d’indépendant de chaque état. Un actif dans lequel la confiance est de mise et qui ne dépend pas d’une puissance étrangère : le métal jaune s’impose alors comme un étalon naturel.

Les indices

Les BRICS semblent s’y préparer : leurs réserves d’or ont cru fortement ces dernières années. En avril 2023, les 5 membres actuels détenaient officiellement 5 650 tonnes de métal jaune, en progression constante. C’est 1 305 tonnes de plus qu’en janvier 2020 (+30 %), et 2 650 tonnes de plus qu’il y a 10 ans (+9 % par an).

Les deux nouveaux membres de la banque des BRICS ont aussi augmenté leurs réserves : les Emirats Arabes Unis (x3 depuis 2020) et l’Égypte (+ 40 tonnes début 2022). Enfin, la Russie et la Chine sont les deux plus gros producteurs mondiaux, avec très peu d’exportations, ce qui signifie que l’or reste principalement sur leur territoire. Bref, l’or est visiblement un actif stratégique pour les BRICS.

La faisabilité

Les chances de succès d’une nouvelle monnaie à l’horizon 2024 sont réelles. D’abord parce que les BRICS sont collectivement exportateurs nets : ils n’ont pas besoin de se faire financer par des capitaux étrangers. Ils produisent une large palette des biens et services : les matières premières abondantes de la Russie sont nécessaires à la Chine, usine du monde, et à l’industrie chimique indienne, deux pays ayant également besoin des exportations agricoles brésiliennes. Les BRICS sont également des puissances régionales. Si le Brésil adoptait cette nouvelle devise, il pourrait entrainer les pays d’Amérique du Sud qui commercent majoritairement avec lui.

Les défis sont nombreux et le diable est dans les détails. Il faudra, par exemple, créer une banque centrale supranationale pour gérer cette nouvelle monnaie, et la coordonner avec celles nationales. La création de produits d’investissements pour que les excédents commerciaux puissent s’investir et d’un système de financement pour le commerce dans cette devise apparait aussi indispensable. Et, bien sûr, la question de la gestion des stocks d’or se posera.

Si le sommet des BRICS de fin août 2023 n’a pas apporté beaucoup plus de clarté, une annonce prochaine allant dans le sens de la création de cette nouvelle devise pourrait faire grimper le cours de l’or. Si, actuellement, il s’agit de la piste la plus sérieuse, les parties prenantes devront de toute façon se montrer patientes pour détrôner le billet vert.

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Schwartz Or

Directeur Général du Comptoir National de l'Or

1 commentaire on «BRICS : l’or, le choix le plus pertinent pour une nouvelle monnaie»

  • Combien évalué 1 bricks en dollar

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