Article 7 de la loi anti-squat censuré : qu’en est-il réellement ?

L’article 7 de la loi anti-squat a récemment fait couler beaucoup d’encre. Le Conseil constitutionnel, dans une décision attendue sur cette loi, a censuré l’article 7. De fait, cela conduit à la possibilité d’engager la responsabilité du propriétaire en cas de défaut de travaux. Mais attention, pas tous les travaux sont concernés. Le Conseil constitutionnel a tenu à faire quelques précisions…

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 31 juillet 2023 à 9h22
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Article 7 de la loi anti-squat censuré : qu’en est-il réellement ? - © Economie Matin
80%Quatre régions françaises regroupent à elles seules 80% de cas de squat.

L'essence de la décision du Conseil constitutionnel

Le 26 juillet 2023, le Conseil constitutionnel a rendu une décision sur la loi visant à protéger les logements contre l'occupation illicite. Contrairement à ce que certains commentateurs ont avancé, le Conseil n'a pas décidé qu'un occupant illicite pourrait systématiquement obtenir réparation du propriétaire si le bien est mal entretenu. La censure de l'article 7 vise simplement à maintenir l'état actuel du droit.

Cette décision s'appuie sur l'article 1244 du Code civil, qui stipule que le propriétaire d'un bâtiment est responsable des dommages causés par sa ruine, résultant d'un défaut d'entretien ou d'un vice de construction.

Les répercussions de la censure de l'article 7

La censure de l'article 7 a suscité de vives réactions, notamment sur les réseaux sociaux. L'article en question visait à exonérer les propriétaires de logements squattés de toute obligation d'entretien du bien. En censurant cet article, le Conseil constitutionnel a souhaité protéger les droits des tiers victimes de dommages.

En pratique, cela signifie que si un immeuble s'effondre en raison d'un défaut d'entretien, la responsabilité du propriétaire peut être engagée, même si le bien est occupé illicitement. Cette décision vise à garantir une indemnisation rapide et efficace des victimes en cas d'accident. Mais les cas pour lesquels la responsabilité du propriétaire peut être engagée restent rares. Et, surtout, concernent des situations de danger pour les squatteurs.

La réalité derrière les interprétations de l’article 7

Face à la polémique, le Conseil constitutionnel a tenu à clarifier sa position, évoquant des "fausses interprétations". L'objectif de la censure de 'larticle 7 n'était pas d'obliger le propriétaire à effectuer des travaux mineurs dans son logement squatté, mais de s'assurer que les travaux nécessaires à la sécurité de l'immeuble soient effectués.

En cas d'accident dû à un défaut d'entretien, un squatteur pourrait effectivement attaquer le propriétaire. Cependant, pour éviter cette obligation d'indemnisation, le propriétaire devra prouver que le logement était en bon état avant le squat ou qu'il a été empêché par le squatteur de remplir son obligation d'entretien.

Vers une réforme de l'état du droit ?

La décision de censurer l'article 7 de la loi anti-squat du Conseil constitutionnel ne prive pas le législateur de la possibilité de réformer l'état actuel du droit. Il est tout à fait envisageable d'aménager la répartition des responsabilités entre le propriétaire et l'occupant illicite à l'avenir.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

2 commentaires on «Article 7 de la loi anti-squat censuré : qu’en est-il réellement ?»

  • Je pense très sincèrement que le conseil constitutionnel se moque du monde ! un tiers s’introduit et s’installe crapuleusement dans un immeuble appartenant à autrui et le conseil constitutionnel souhaite qu’en plus cette crapule puisse disposer d’un immeuble ne présentant pour lui aucun danger. Qui lui a dit, à cette crapule, d’investir un immeuble sans aucun droit ni titre ? Est-ce que dans ce pays, il devient possible à une crapule d’invoquer sa propre turpitude comme un possible fondement à un droit ou à un titre qu’il n’a juridiquement pas ? Le non-entretien d’un immeuble par son propriétaire ne peut être assimilé à un piège que celui-ci tend à un éventuel squatter. Mais dans quel pays sommes-nous en France ? C’est la cour du roi Pétaud ?

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  • delor, je comprends parfaitement votre position pour une maison.
    Mais si il s’agit d’un appartement, il ne s’agit plus de protéger l’occupant illégal, mais aussi la propriété des autres

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