Aujourd’hui, ce ne sont pas deux mondes qui s’affrontent : c’est le public qui affronte le privé. Nous ne verrons quasiment jamais des écoles privées prendre position contre le public alors que la réciproque se voit partout, notamment dans la presse et dans le discours des étudiants.
Arrêtons d’opposer le privé et le public et unissons plutôt nos forces pour les étudiants
Ce débat s’est particulièrement accentué ces derniers temps. La vague de bébés nés du baby-boom des années 2000 étudie aujourd’hui dans le supérieur entrainant ainsi une hausse considérable des effectifs chaque année et par conséquent un développement important du privé. Il est facile de pointer du doigt l’enseignement privé mais si nous n’existions pas, où iraient ces milliers d’étudiants supplémentaires chaque année ? Le droit à l’étude est ancré culturellement en France. Sans l’existence du privé, ce droit ne serait plus respecté et laisserait sur le banc de touche de nombreux jeunes. Stagnant, sans place supplémentaire et avec des subventions qui n’augmentent pas, le public n’a pas les moyens de se développer et voit d’un mauvais œil le développement du privé.
« Escroc », « voleur », « pas d’enseignants-chercheurs donc sans plus-value », « les frais de la scolarité trop élevés ». Il est temps de mettre un terme à ces clichés qui nous collent à la peau et qui nous heurtent profondément en allant à contresens de ce que nous faisons réellement au quotidien. L’enseignement n’étant pas selon le public censé être une activité lucrative en France, nous sommes souvent accusés de faire du « business » avec les étudiants. Il n’y a pas de frais de scolarité dans le privé pour les formations en apprentissage. Ce discours trompeur est désagréable pour toute personne investie dans sa mission professionnelle, qui plus est dans une activité liée à l’humain avec des jeunes étudiants qui ont un parcours professionnel à construire et qui ont besoin d’être conseillé et orienté. C’est un secteur dans lequel nous n’avons pas le droit de jouer avec les élèves et où il nous faut avoir une certaine éthique. Dès le moment où nous avons un impact, nous nous devons de bien faire les choses dans la mesure où les jeunes peuvent facilement prendre des mauvaises décisions d’orientation sur la base d’un débat stérile. Nous voyons souvent des jeunes qui perdent parfois des années avec un parcours à l’université parce qu’on ne leur a présenté que ça comme option et qui finissent par se rendre compte que cela ne leur correspond pas. Certes, ce n’est jamais du temps perdu pour un étudiant mais cette faculté à « mal influencer » les élèves nous dérange.
Il n’y a aujourd’hui aucune communication entre le privé et le public. Pourtant, nous œuvrons tous pour répondre aux mêmes enjeux : former la jeune génération aux métiers de demain et à l’employabilité. Notre objectif est de développer leur talent, faire en sorte qu’ils participent à l’économie française et qu’ils réussissent à s’insérer professionnellement. C’est une dimension que nous partageons tous au sein de l’enseignement supérieur. De plus, il ne devrait pas y avoir de débat et de distinction dans la mesure où nous ne proposons pas les mêmes choses (formations, accompagnement, vie étudiante). Aujourd’hui, un étudiant qui doit choisir entre le public et le privé, doit avant tout se poser la question de son autonomie : Est ce qu’il cherche à être indépendant dans son apprentissage ou au contraire est ce qu’il cherche à être accompagné ? Le privé va encadrer les étudiants et va proposer beaucoup de suivi personnalisé contrairement au public où l’étudiant va construire son parcours avec beaucoup de liberté dans un cadre moins contraint. C’est également le cas pour l’expérience étudiante. Le jeune doit déterminer s’il a envie de créer du lien et avoir une réelle expérience de vie étudiante ou est-ce qu’à l’inverse, il préfère privilégier l’aspect professionnel. Il est important de souligner que nous proposons un enseignement complémentaire. Certains étudiants sont faits pour aller étudier dans le public, d’autres pour le privé, et tant mieux, l’important est que chacun choisisse la bonne voie, celle qui lui correspond. D’ailleurs, un étudiant peut dans son parcours pédagogique faire des passerelles et avoir le besoin à un moment donné d’aller étudier dans le public puis ensuite dans le privé. Ce qui est profondément regrettable, c’est que cela ne peut pas toujours se faire dans les deux sens. Il est difficile pour un jeune de commencer par le privé et terminer ensuite par le public.
Le privé et le public ne doivent pas disparaître. Nous devons plutôt unir nos forces et travailler en complémentarité, pour former les étudiants tout en apprenant aussi les uns des autres, par exemple, avec l’alternance que le privé a développé avec une certaine rigueur dans l’accompagnement, la méthodologie et le suivi grâce à des équipes compétentes dédiées. Le public peut quant à lui apporter une dimension pédagogique en soutenant les écoles dans la construction de leurs programmes et aider ainsi le privé à avoir une certaine transversalité dans ses parcours.
Œuvrons donc ensemble sans nous arrêter au statut public ou privé et ayons plutôt à cœur de bien accompagner et orienter les étudiants.