Après avoir déboursé des milliards pour la pandémie de la Covid-19 et l’après-pandémie, la France doit faire des économies. Le gouvernement l’a annoncé, et s’est déjà mobilisé pour trouver les premières dépenses à supprimer. Ce qui ne rassure pas pour autant la Cour des comptes. Cette dernière a critiqué le programme de stabilité… moins bon que celui des autres pays européens.
Déficit : la France toujours hors des clous en 2026 ?
Un déficit de 3% ? oui… mais pas avant 2027
La règle, dans l’Union européenne, est simple : les pays-membres doivent faire en sorte de ne pas avoir un déficit public supérieur à 3% par an. Avec, bien évidemment, un idéal : un déficit nul, choses rarement atteinte. Et régulièrement, les pays-membres envoient à Bruxelles, donc à la Commission européenne, leurs plans budgétaires. La France a ainsi envoyé son programme de stabilité 2023-2027.
Il prévoit de nombreuses économies sur le budget. Avec un objectif : retomber sous la barre des 3% de déficit. Pour ce faire, des coupes sont prévues, et certaines déjà annoncées. Ainsi, selon Bercy, la France pourrait être en mesure d’atteindre un déficit de 2,7% à l’horizon de 2027. En 2022, le déficit public s’est établit ) 4,7% du PIB, soit 124,9 milliards d’euros. La dette publique, elle, a grimpé au niveau record de 111,6% du PIB.
Pour la Cour des comptes, la France n’en fait pas assez
La réduction du déficit est notable, et le programme de stabilité permettrait à l’Hexagone de revenir dans les clous des règles européennes. Une bonne nouvelle… qui ne suffit pas à la Cour des comptes. Cette dernière, le 29 juin 2023, épingle le programme de stabilité comme étant faible, lorsqu’il est comparé aux autres projets d’économies des pays européens.
En l’occurrence, c’est l’année 2026 qui pose problème à la Cour des comptes. La France, selon le programme de stabilité, devrait encore être à plus de 3% de déficit public. « La France serait le seul à ne pas avoir un déficit sous les 3% en 2026, alors même que certains pays comme l'Italie ou l'Espagne partent de niveaux de déficit plus élevés en 2022 (respectivement 8 points de PIB et 4,8 contre 4,7 pour la France) », écrivent les Sages.
Une manière de dire que le gouvernement peut mieux faire. Si les autres pays européens qui partent de plus loin parviennent à avoir un déficit inférieur à 3% en 2026, il n’y a pas de raisons pour que la France ne puisse pas faire de même.
Des objectifs de réduction du déficit qui ne seront pas atteints ?
Autre problème soulevé par la Cour des comptes : le programme de stabilité est plus qu’incertain. La baisse annoncée serait de 0,4% par an, en moyenne. Mais pour ce faire il faut que les prévisions de croissance sur lesquelles se base le programme de stabilité se confirment. Or, rien n’est moins sûr. Pour la Cour des comptes, les prévisions de l’exécutif seraient même plutôt optimistes.
Déjà en 2023, la prévision de croissance du gouvernement est optimiste. Il table toujours sur 1% de croissance du PIB sur l’année, là où la Banque de France et l’Insee sont plus modérés. Les deux institutions prévoient une croissance aux alentours de 0,6%.