Alors que la sécheresse s’intensifie, la France, championne d’Europe des piscines privées avec 3,4 millions de bassins en 2022, est confrontée à un dilemme. Entre consommation d’eau et impact sur l’immobilier, l’avenir des piscines privées est en jeu. Mais quelles sont les conséquence d’un tel changement, surtout si les piscines finissent par être interdites ?
Piscines privées : un luxe bientôt interdit en France ?
La sécheresse menace le rêve de la piscine privée
La sécheresse est un problème croissant en France, avec des étés de plus en plus chauds et secs. En conséquence, les restrictions sur l'utilisation de l'eau se multiplient. Plusieurs décisions de ce type ont déjà été annoncées pour l’été 2023. Et les piscines privées sont dans le viseur.
La construction de nouvelles piscines privées a été interdite dans certaines régions, comme dans neuf communes du Var et la ville d'Elne, près de Perpignan. Et, ces interdictions pourraient s'étendre à d'autres régions à l'avenir, à mesure que l’urgence climatique s’accentue. Une décision qui pourrait tout simplement mettre fin au rêve de la piscine privée pour de nombreux Français.
L'impact écologique des piscines privées
Les piscines privées sont souvent perçues comme un luxe, mais elles ont aussi un coût écologique. Elles contribuent à l'artificialisation des sols, réduisant leur capacité à stocker l'eau et à soutenir la biodiversité. De plus, elles consomment de l'eau, une ressource de plus en plus rare.
Bien que les professionnels de la piscine affirment que l'eau des piscines circule en circuit fermé et que la consommation d'eau est relativement faible, chaque nouvelle piscine représente une consommation d'eau supplémentaire. En effet, une piscine creusée mesure en moyenne près de 30 mètres carrés pour 1,40 m de profondeur, ce qui représente une consommation importante d'eau lors du premier remplissage.
L'impact sur le marché immobilier d’une telle interdiction
L'interdiction de construire de nouvelles piscines privées pourrait avoir un impact significatif sur le marché immobilier. Actuellement, une maison avec piscine bénéficie d'une surcote de 20%. Si les interdictions de construction de piscines se propagent, cela pourrait changer.
Les maisons avec piscine pourraient devenir moins attractives, ou au contraire, devenir un bien immobilier encore plus recherché. Les professionnels de la construction de piscines, qui représentent un secteur économique important, ne manqueront pas d’être touchés par une telle réglementation. Et l’impact serait majeur : la France est le deuxième marché mondial des piscines après les États-Unis.
Vers une nouvelle ère pour les piscines privées ?
Face à ces défis, le secteur des piscines privées doit évoluer. Des solutions existent, comme la réduction de la taille des piscines ou l'utilisation de piscines hors-sol installées moins de trois mois par an. De plus, les nouvelles technologies peuvent aider à économiser l'eau, comme l'utilisation de couvertures pour limiter l'évaporation.
La consommation d'eau des piscines privées en chiffres
Selon la Fédération des professionnels de la piscine et du spa, les piscines privées n'utiliseraient que 0,15% de l'eau prélevée chaque année à l'échelle du pays. Cependant, cette estimation est contestée par certains experts. Nicolas Roche, spécialiste des problématiques de l'eau à l'Université Aix-Marseille, rappelle que « toute consommation est une consommation en plus ».
De plus, l'Observatoire national des services de l'eau et d'assainissement (Sispea) indiquait en 2020 que l'impact potentiel des piscines privées pourrait expliquer en partie les fortes consommations d'eau constatées dans le Sud de la France.
Les piscines privées, un privilège pour les plus aisés
Malgré leur démocratisation, les piscines creusées restent avant tout la propriété des classes aisées. En effet, 47% des propriétaires de piscines creusées sont des entrepreneurs et des cadres. À l'inverse, les employés, ouvriers et agriculteurs sont les premiers détenteurs de piscines hors-sol fixes.
Des inégalités d’ordre social qui ne manquent pas de soulever des questions et relancer le débat sur les différences de salaire et le partage de la valeur. Un débat d’actualité, alors que l’inflation explose partout dans le monde et que les premiers à en souffrir sont les ménages modestes.
Vers une tarification progressive de l'eau ?
Face à la sécheresse et à la consommation d'eau des piscines privées, une des solutions envisagées est la tarification progressive de l'eau. Le principe est simple : l'eau serait facturée à un prix modeste pour les premiers mètres cubes consommés, puis à un tarif plus élevé au-delà d'un certain volume.
Cette mesure pourrait inciter à réduire toutes les consommations de confort, dont les piscines. Elle a été mise en place dans quelques communes en France, mais le gouvernement pourrait bien généraliser le principe. De sorte à ce que les propriétaires de piscines et les gros consommateurs d’eau finissent par payer plus cher.
Un futur sans piscines privées ?
La France est-elle prête à renoncer aux piscines privées ? Cette question soulève de nombreux débats. D'un côté, les piscines privées sont une source de plaisir et de confort pour de nombreux Français. De l'autre, elles représentent une consommation d'eau non négligeable et contribuent à l'artificialisation des sols.
Dans ce contexte, il est essentiel de repenser notre rapport à l'eau et à l'environnement. Les piscines communales, plus économes en eau, pourraient être une alternative intéressante aux piscines privées. Cependant, cette transition nécessitera une prise de conscience collective et des politiques publiques ambitieuses.