Adieu ISF, bonjour IFI : telle était la réforme qu’a décidé Emmanuel Macron au moment de sa première élection à la tête de l’État, en 2017. Dès 2018, l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) remplaçait l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF). À la clé, des centaines de millions d’euros d’économies pour les plus riches. Et c’est toujours le cas : en 2022, l’IFI a rapporté bien moins que l’ISF…
L’IFI rapporte toujours beaucoup moins que l’ISF
De plus en plus de ménages payent l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI)
Selon les données dévoilées par la Direction générale des Finances Publiques (DGFiP) jeudi 22 juin 2023, le nombre de ménages soumis à l’IFI a encore augmenté. La hausse est continue depuis 2020, et n’est pas moindre. 143.300 ménages ont déposé une déclaration d’IFI en 2020… et plus de 20.000 de plus en 2022. L’IFI, en 2022, a été payée par 163.900 foyers en France.
La raison de cette augmentation constante ? Les taux des crédits qui restaient, jusqu’en 2022, très abordables. Une situation économique favorable pour les ménages les plus riches, qui tend à disparaître alors que les crédits immobiliers devraient atteindre 4% avant la fin de l’année 2023 et potentiellement 5% dès 2024.
Reste que, pour les caisses de l’État, c’est une bonne nouvelle. Plus il y a de ménages qui sont soumis à l’Impôt sur la Fortune Immobilière… plus cette taxe rapporte. Le montant collecté par l’IFI en 2022 est donc en hausse.
250 millions d’euros d’impôt en plus en 2022
La hausse du nombre de ménages soumis à l’impôt sur la fortune immobilière fait grimper les sommes collectées. En 2022, selon la DGFiP, ce sont 2,35 milliards d’euros d’IFI qui ont été payés. Un montant en hausse de 250 millions d’euros sur un an.
Par rapport à 2020, le montant grimpe même de 337 millions d’euros. Cette année-là, l’IFI n’avait rapporté que 1,56 milliard d’euros aux caisses de l’État. Un montant qui avait déjà augmenté de 4,4% sur un an. L’IFI ne cesse donc de rapporter de plus en plus, à mesure que de plus en plus de ménages sont contraints de le payer.
Mais cette augmentation permet-elle au gouvernement de compenser la suppression de l’ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune) ? Considérée comme un cadeau fait aux ménages les plus riches, les seuls qui le payaient, cette réforme de la fiscalité a été décriée. Et ce n’est pas en 2022 que ça va changer.
Toujours près de 2 milliards d’euros de recettes en moins pour l’IFI... par an
La dernière année durant laquelle l’ISF a été payé est 2017, année de l’élection d’Emmanuel Macron. Sa suppression, promesse de campagne du candidat, a été décidée et mise en place dès son arrivée à l’Élysée. Et ce malgré des recettes en hausse.
L’Impôt de Solidarité sur la Fortune, en 2017, avait rapporté la somme record de 4,23 milliards d’euros. Un montant en augmentation par rapport à 2016 de près de 200 millions d’euros. Et une rentrée d’argent conséquente pour les caisses de l’État.
Les montants, bien plus élevés que ceux de l’IFI, s’expliquent par un nombre de foyers imposables largement supérieur : 358.000 ménages ont payé l’ISF en 2018. Plus de deux fois plus que le nombre de ménages soumis à l’IFI en 2022.
Par rapport à l’IFI de 2022, l’ISF rapportait donc près de 2 milliards d’euros de plus, par an, aux caisses de l’État. Un montant plus que symbolique. En 5 ans de réforme, ce sont plus de 10 milliards d’euros de recettes qui ont été retirés. Soit, peu ou prou, le montant des économies recherché dans le cadre de la Réforme des Retraites.