Une France championne des records qui ne peut s’en sortir sans s’en défaire

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Par Daniel Moinier Publié le 8 juin 2023 à 6h49
France Record Analyse Economie
Une France championne des records qui ne peut s’en sortir sans s’en défaire - © Economie Matin
1747,20 EUROSLe SMIC a grimpé à 1747,20 euros bruts en mai 2023.

1er Record : Les prélèvements obligatoires

Pour compenser la baisse des temps de travail et d’activité, les prélèvements n’ont pas arrêté de s’envoler.

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Rien que sur les salaires, ils ont été multipliés par 3 en 50 ans. Les CSG-RDS sont prélevées sur les revenus d’activité, salaires, revenus des indépendants mais aussi sur les revenus de remplacements : Les indemnités de chômage, pensions de retraites, puis étendues aux indemnités journalières (arrêts maladie, congés de maternité, indemnités d’accident du travail, des maladies professionnelles. Elles se sont élargies aux revenus du patrimoine, des mises de jeux, aux placements boursiers, type PEL, PEA, aux assurance vie, aux revenus locatifs, fonciers, aux rentes viagères, aux locations de meublés non professionnels, aux intérêts de prêts, aux plus-values, aux jeux d’argent tel PMU, FDJ… à un taux pouvant aller jusqu’à 17,2% (qui comprend un revenu de solidarité de 7,5%).

La France est ainsi devenue au fil des créations et augmentations des prélèvements obligatoires, championne du monde avec 47% du PIB, devançant la Belgique, l’Italie, l’Allemagne… (voir le graphique).

2ème Record : Les impôts sur le revenu des ménages (même si nous ne sommes pas les tous premiers mais très proches)

Les français.es devraient être satisfaits.es, la France n’est pas première avec 9,4% du PIB, elle se situe à la 4ème place derrière : l’Italie 12,5%, la Belgique 11,4%, l’Allemagne 9,6%. Sachant qu’en France, seuls 43,2% (c’était 50% en 2012) paient l’impôt sur le revenu, c’est dire que 56,8% n’en paient pas ! 16,5 millions de familles sont imposables et 21,4 de non imposables, chiffre qui n’a cessé d’augmenter !

Pour info : 10,2% des foyers (plus de 50.000 euros) paient 70,4% de la charge globale. Mais les 40,6% sont payés par ceux qui déclarent plus de 100.000 euros (soit 2% de foyers).

Toutes les tranches inférieures ont vu leurs impôts baisser entre 1,9 à 2,2%.

Les impôts sur le revenu en 2022 : 100 milliards d’euros.

Les impôts sur les sociétés : 33 Mds.

La TVA : 145 Mds d’euros.

Il est à noter la faible part de l’impôt sur le revenu dans les recettes fiscales par rapport à d’autres pays européens ! La cause : Moins de 45% de cotisants, en diminution constante depuis plusieurs années !

3ème Record : Les prélèvements obligatoires sur les sociétés non financières

La France est à nouveau en tête avec 12,1% du PIB, devant les Pays-Bas 11,6%, la Belgique 11,4%. A titre indicatif l’Allemagne n’est qu’à 9,4%.

Le total des rentrées s’élevaient à 94,5 Mds d’euros à fin avril, contre 92,6 euros un an avant.

Le budget de l’état de 2022 :

Dépenses : 445,7 Mds dont 107,7 Mds pour les collectivités.

Recettes : 294,3 Mds + 27,5 Mds par rapport à 2021.

Déficit : 151,4 Mds soit 5,7% du PIB.

Les dépenses publiques ont atteint ainsi 57,3% du PIB plaçant la France 1ère d’Europe. (Joli record)

Malgré 5768 fonctionnaires en moins.

4ème Record : Les dépenses de protections sociales

Il existe environ 430 aides sociales en France, certaines anciennes nécessaires pour l’aide aux familles : Allocations familiales, logement, constructions…, d’autres plus nouvelles se sont additionnées au fil des diminution de temps travaillé et souvent pour de longue durée.

Le total de ces dépenses (gestion comprises) se montent à 834 Mds, un record international en pourcentage de la population. La France représente 1% de la population mondiale mais 10 % des aides sociales !!!

En 2022, les dépenses publiques ont augmenté pour atteindre en 2022 ; 1536 Mds d’euros soit 58,1% du PIB. (1478Md€ en 2021)

Les aides sociales représentent donc 33,3% du PIB (1er pays d’Europe) soit 56,4% de l’ensemble des dépenses publiques. INQUIETANT !!!

5ème Record :L’aide publique aux entreprises

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Comme vous le voyez sur le graphique ci-dessus, l’aide publique aux entreprises est passée de 40,5 Mds, soit 2,7% du PIB, à 156,9 Mds en 2019.

La cause : Les entreprises ont un niveau de charges bien plus élevé que leurs consœurs européennes, à tel point que leurs marges brutes sont très inférieures, jusqu’à plus de 10 points, notamment vis-à-vis de l’Allemagne, ce qui lui apporte entre autres, plus de facilité pour conclure des contrats internationaux.

Une autre aide comprise dans cette étude où la France est en pointe, est celle liée à la R & D (Recherches et Développement). La France avec 0,39% du PIB tient la tête du classement en Europe avec des résultats probants. Le nombre de start-up et licornes (+ d’un milliard de CA) ont très fortement progressées ainsi que les implantations de nouvelles entreprises en France : premier pays attractif d’Europe.

6ème Record : La très forte diminution du poids de l’industrie française en Europe

La diminution de l’industrie dans le PIB français n’a eu de cesse de diminuer pour deux raisons :

La première : le matraquage fiscal tant des prélèvements que des impôts (malgré maintenant de fortes exonérations)

La deuxième : L’évolution des pays émergeants, pays de l’Est, du Sud asiatique, notamment la Chine qui pouvaient pratiquer des prix extrêmement bas au regard des bas salaires et de peu de pression fiscale malgré l’éloignement et les coûts de transport.

Ci-dessous un graphique du poids de l’Industrie des pays en Europe.

Si l’on prend depuis 1982, c’est encore bien pire pour la France.

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Heureusement en 2021, il commence à y avoir inversion avec 176 implantations contre 56 fermetures soit 32.155 emplois nouveaux contre 16.000 destructions.

7ème Record : Une durée de travail et d’activité dans les plus faibles du monde.

J’allais oublier, un record des plus importants ayant impacté le niveau des dettes et le niveau de vie :

Depuis 1982 et 2000, nous sommes le pays du monde où nous travaillons le moins pour les salariés base 35 heures à temps plein : A la semaine, au mois, à l’année et sur la durée de vie. Et même avec la retraite à 64 ans (pas encore appliquée et échelonnée jusqu’en 2030), nous le resterons.

C’est la cause de presque tous nos « maux » et le résultat de tous les records énoncés ci-dessus.

Synthèse :

Certains records élèvent le niveau global mais pour la France presque tous ceux évoqués ci-dessus ont entraîné la France dans une situation qui devient catastrophique, avec l’atteinte tout dernièrement de la barre des 3000 Milliards de déficit, soit 110% du PIB.

Pourquoi autant d’aides sociales : Depuis les fermetures d’entreprises à tour de bras, surtout dans les campagnes, le personnel employé n’a pu trouver un autre emploi situé à distance « raisonnable » et avec une qualification assez similaire. Les durées d’emploi et souvent le premier emploi ont été les premiers freins au « changement ».

Le temps passant, il est très difficile de se remotiver, les aides (en augmentation) peuvent permettre de survire surtout à la campagne et maintenant en ville avec les réseaux sociaux permettant de compléter avec des « petits » boulots de moins en moins « petits ».

Pourquoi autant de personnes restent au chômage, au RSA, alors que la demande est forte avec des salaires de plus en plus attrayants ?

Les propositions d’emplois étant très importantes sans pouvoir être pourvues, certains préconisent, d’intégrer par tous les moyens de nouveaux immigrés. Cela paraît incongru alors que des millions de français.es sont sans emploi. Comment remotiver ces personnes ?

L’Allemagne avec les réformes Hartz a réussi à remettre un nombre très important de sans emploi au travail. Le taux de chômage largement au-dessus de 10% est descendu à 4% et même 3,5% avec un état redevenu positif et une dette diminuée de plus de 20% en 6 ans. Est-ce un modèle ? Rien n’empêche de tout tenter, l’extrême urgence est là devant nous.

Certains diront comme on l’entend très souvent, ces allemands ils n’ont trouvé que des petits boulots, c’est dégradant. Cela fait déjà vingt ans et beaucoup de petits boulots ont permis une intégration plus décente mais aussi ramenée une fierté personnelle de celui qui a un emploi, qui nourri sa famille sans recours aux aides plus récentes.

www.danielmoinier.fr

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

1 commentaire on «Une France championne des records qui ne peut s’en sortir sans s’en défaire»

  • En plus ds prélèvements obligatoires, voici une petite liste de ce qui est écrit dans Economie Matin de ce 08 juin 2023 et qui plombe lourdement le « moral des ménages » :
    La consommation d’électricité va s’envoler en France, prévient RTE
    Agences immobilières : les commissions sont trop chères
    Immobilier : vers un durcissement de l’accès au PTZ ?
    Train en retard : vous allez être moins bien remboursés !
    Immobilier : le taux des crédits va atteindre de nouveaux records
    Vers une interdiction des chaudières à gaz en France !
    Le niveau d’inflation … est à ce jour de 14 % … Les distributeurs, même s’ils ne le souhaitent pas trop, doivent engager une baisse de prix sérieuse sur leurs produits.
    OPEP : moins de pétrole, donc plus d’inflation
    A part cela, tout va très bien Madame la Marquise !

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