Le Livret A est l’un des placements les plus utilisés par tous les Français et c’est de ce sujet dont il était question sur Ecorama hier avec le camarade David Jacquot.
Le Livret A devrait passer à 4.5 % cet été mais ce ne sera sans doute pas le cas !
En théorie, le taux du Livret A dépend d’une formule mathématique calculée par la Banque de France tous les semestres et qui prend en compte l’inflation et les moyennes des taux d’intérêts de marché, le tout ne pouvant pas augmenter de plus de 1.5 %.
Voilà pour le principe. D’ailleurs, selon ce principe, au 1er août 2023, le taux du livret A devrait passer à 4.5 %; mais ce ne sera sans doute pas le cas car le taux du livret A reste éminemment politique et c’est logique car il entraîne de très nombreuses conséquences.
Le secteur du logement social emprunte à taux variable sur livret A comme les collectivités locales notamment comme les intercos ou les mairies.
Alors forcément, ces acteurs ne voient pas d’un bon œil une augmentation significative de ce taux, pas plus que les banques qui doivent rémunérer plus des dépôts et qui font pression actuellement sur l’État pour que ce dernier limite la hausse du taux. Logique. À 4.5 % le livret A, plus aucune banque n’est capable de proposer un placement alternatif aussi intéressant.
Et puis ce n’est pas tout.
L'utilisation prévue du Livret A par le gouvernement
Le gouvernement, lui, voudrait utiliser jusqu’à 40 % des sommes déposées sur les Livrets A par les Français pour financer l’industrie de l’armement et de la défense.
Comme le rapporte le journal La Tribune, « 4 députés, dont le président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale Thomas Gassilloud (Renaissance), ainsi que le rapporteur du projet de loi de programmation militaire en cours d’examen, Jean-Michel Jacques (Renaissance), Christophe Plassard (Horizon) et enfin Jean-Louis Thiériot (Les Républicains) pourraient avoir trouvé une esquive imparable : « mobiliser une partie de l’encours non centralisé du livret A et du Livret de développement durable au service des entreprises contribuant à la souveraineté nationale, dont font partie les entreprises de la BITD (la base industrielle et technologique de défense, soit l’ensemble des industries de défense du pays Ndlr) », selon un amendement déposé mercredi à l’issue d’une discussion entre Bercy et les parlementaires.
Le ministère des Armées, qui voit plutôt d’un bon œil ce type d’initiatives, ne devrait pas s’opposer à cet amendement. Interrogé par La Tribune, le ministère des Armées a précisé que « des amendements déposés par des parlementaires ont déjà reçu un avis favorable du gouvernement et ont été adoptés lors de l’examen du projet de loi de programmation militaire en commission de la défense ».
Cet amendement en cours d’examen (site de l’Assemblée nationale) propose qu’environ 40 % de l’encours de ces deux livrets (520,9 milliards d’euros à fin janvier) puissent financer en partie l’industrie de la défense. « En visant les encours non centralisés, cet amendement ne remet pas en cause le financement du logement social, ni celui de la politique de la ville gérés par la Caisse des Dépôts et Consignations, qui reste la priorité de ces livrets », expliquent dans l’exposé des motifs les quatre députés appartenant à trois partis politiques, dont un de l’opposition (Jean-Louis Thiériot) ».
Voilà où nous en sommes de la grande bataille autour du Livret A dont on peut estimer que le taux passera au moins de 3 à 3.5 % cet été et peut-être même plus si l’État veut collecter plus… pour financer l’industrie de la défense.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !