Le philosophe chinois Lao Tseu a dit : « Un voyage d’un millier de kilomètres commence avec le premier pas ». Le temps est venu pour les consommateurs, les entreprises et les gouvernements de faire ce pas volontaire et de tous devenir acteurs du développement durable. Et pas uniquement à l’occasion de la Journée de la Terre.
Consommation durable, un acte intentionnel et quotidien
Aujourd'hui, nous sommes face à une vérité dérangeante : une grande partie de nos habitudes et conforts quotidiens – que nous considérons comme acquis – alimentent en réalité la crise climatique :
- Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmenté de plus de 90 % depuis 1970. Selon le GIEC, si aucune mesure significative n'est prise, elles vont continuer d’augmenter et entraîner toujours plus de perte de biodiversité.
- Selon le Forum économique mondial, les chaînes logistiques mondiales sont responsables de 5,5 milliards de tonnes d'émissions d'équivalent dioxyde de carbone chaque année, soit plus que les émissions de l'ensemble des États-Unis.
- Selon la Fondation Ellen MacArthur, l'industrie mondiale de la mode est responsable de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et de 20 % des eaux usées.
- La production et la distribution de denrées alimentaires représentent environ 25 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre ; une grande partie de ces émissions provenant des pratiques agricoles et du transport des produits alimentaires, selon les Nations unies.
Commerce omnicanal et supply chains, unifiés
Ces constatations rendent primordiale la nécessité d'une action volontaire et réfléchie autour de la production, de la distribution et de la consommation de biens. Une nouvelle approche de la gestion de ces flux doit permettre de changer pour réaliser des actions et des gains positifs et voulus en matière de développement durable.
Cette nouvelle approche passe par l’unification des Supply Chains et du commerce omnicanal. Il s’agit en fait d’une nouvelle façon d’aborder le problème séculaire de l'offre et de la demande, et de l’acheminement des marchandises d'un point A à un point B.
Cela exige de repenser les Supply Chains physiques et digitales pour les relier et les mettre en phase avec les attentes des consommateurs et de la société en matière de responsabilité. Les consommateurs étant de plus en plus préoccupés par l'impact environnemental, ils attendent des marques auprès desquelles ils font leurs achats qu'elles tiennent compte de ces enjeux, qu'elles s'engagent et les aident à mieux consommer.
Les Supply Chains peuvent-elles résoudre la crise climatique ? Non, ou en tout cas pas à elles seules. Certes, l’amélioration de l'efficacité des chaînes logistiques peut générer des gains écologiques, mais pour avoir une vision cohérente de l'ensemble du défi, nous devons d'abord nous pencher sur la consommation durable, sur l'efficacité de la production et, ensuite, sur les Supply Chains.
Les consommateurs sont le premier maillon de la chaîne
Avant tout, le développement durable commence avec nous, en tant que consommateurs. Selon une étude récente, seulement 20 % des acheteurs sont satisfaits des pratiques de développement durable de leurs marques favorites. La marge d’amélioration est immense !
En tant que consommateurs, il y a trois mesures simples et réalistes que nous pouvons tous prendre pour consommer de manière plus soutenable :
- Que ce soit dans les allées du supermarché, dans un magasin de mode ou sur internet, nous avons aujourd’hui à notre disposition des informations et descriptions de plus en plus détaillées sur les produits que nous consommons. Nous avons donc la possibilité (et la responsabilité) de faire preuve de plus de discernement. Nous pouvons, par exemple, choisir plus facilement des produits issus de l'agriculture ou de la pêche durables, et éviter les articles contenant de l'huile de palme, des microplastiques et d'autres matériaux ayant des externalités négatives pour l’environnement.
- De nombreux retailers étant désormais en mesure de fournir une visibilité sur les stocks en temps quasi réel, nous pouvons, en tant que consommateurs, prendre des décisions plus intelligentes quant aux magasins où nous nous rendons ou aux options de livraison que nous choisissons. Cette simple action peut réduire considérablement le nombre de kilomètres parcourus et ouvrir la voie à une gestion beaucoup plus écologique du dernier kilomètre, se traduisant par des réductions significatives des émissions de CO2.
- En autorisant des délais plus longs pour modifier les commandes, les retailers ont donné aux consommateurs la possibilité de faire des changements en ligne jusqu'au moment où le colis quitte l'entrepôt, le magasin ou le centre de micro-fulfillment. En autorisant ces modifications de dernière minute du panier, on réduit le nombre d'expéditions fractionnées, le nombre de retours inutiles (en théorie), et, in fine, les émissions carbone.
Mais les consommateurs ne sont pas les seuls à se saisir de cette urgence et à y répondre. Les chefs d'entreprise sont de plus en plus nombreux à comprendre que le développement durable est un sujet qu'ils doivent aborder de manière proactive s'ils veulent rester en phase avec l’évolution de l’opinion publique. Dans l’étude précédemment citée, il est intéressant de noter que 87 % des marques qui sont les plus en pointe sur le « Search & Discovery » (c’est-à-dire la capacité à fournir à leurs clients les informations les plus précises, inspirantes et utiles pour faire leur shopping en ligne) ont déclaré qu'elles fournissaient des informations détaillées sur les pratiques de développement durable sur leurs sites, soulignant l’importance de ces dernières.
Et les marques leur emboîtent le pas
Quel que soit le secteur, il y a trois mesures concrètes que les retailers peuvent prendre pour agir positivement à la fois sur le développement durable et sur les marges :
- La gestion des espaces et des distances est capitale dans les Supply Chains, notamment dans les entrepôts et centres de distribution où elle doit en permanence être optimisée. Unifier la gestion des entrepôts, des emplacements et de la main-d'œuvre pour mieux positionner les stocks, utiliser l'espace de stockage le plus intelligemment possible, réduire le nombre de mouvements de marchandises, optimiser les flux de préparation des commandes et dimensionner correctement les emballages afin d'éviter le péché capital – en termes de développement durable – de l'expédition par avion.
- Adopter des systèmes de gestion du transport (TMS) de bout en bout construits dans une optique de durabilité. Utiliser le Machine Learning et l’Intelligence Artificielle pour générer un routage intelligent qui optimise les itinéraires de livraison et intègre les retours dans le cadre d'une stratégie de transport plus large afin d'éviter les kilomètres et les émissions carbone inutiles.
- Permettre le traitement des commandes à partir des magasins pour encourager les retailers à le faire au plus près des consommateurs, qu'ils passent leur commande en ligne, via une application mobile ou un centre d'appel. Cela se traduit par des distances de déplacement plus courtes, des économies de carburant et des réductions des émissions carbone ; tandis que l'achat en ligne et le retrait en magasin (BOPIS) réduisent les livraisons, les emballages et favorisent également des possibilités de ventes additionnelles en magasin.
Les Supply Chains ne sont peut-être pas en mesure de sauver la planète à elles seules, mais une chose est sûre, elles peuvent certainement apporter des gains progressifs qui, une fois additionnés, se traduisent par des bénéfices importants à l’échelle de l’environnement. Il est grand temps de faire un premier pas dans cette voie.