Y aura-t-il bien une pause dans la hausse des taux de la FED ?

Comme prévu, le Comité de l’open market de la Réserve fédérale (FOMC) a relevé en mai 2023 son taux directeur de 25 points de base supplémentaires. Nous avons également noté une inflexion dans la formulation de sa déclaration de réunion, passant de l’anticipation d’un raffermissement supplémentaire de la politique monétaire à un suivi attentif des données entrantes afin de déterminer si un resserrement supplémentaire est approprié.

Sonia Meskin
Par Sonia Meskin Publié le 15 mai 2023 à 5h17
Fed Reunion Hausse Taux Directeurs
Y aura-t-il bien une pause dans la hausse des taux de la FED ? - © Economie Matin
5,25%Le taux pricnipal de la FED a atteint 5,25%.

La Fed est probablement proche de son taux directeur maximum, mais nous n’écartons pas la probabilité d’une nouvelle hausse à l’avenir.

Lors de la conférence de presse, le président Jerome Powell a de nouveau reconnu que la contraction du crédit bancaire est susceptible de peser sur l'activité, conformément à notre scénario central pour 2023. Toutefois, il a semblé plus optimiste que le personnel de la Réserve fédérale (et que nous-mêmes) quant à la possibilité pour l'économie américaine d'éviter une récession imminente. Le principal désaccord entre le scénario de la Fed et celui des investisseurs reste lié à la possibilité d'une réduction des taux directeurs en 2023 : la Fed n'en voit aucune, alors que les marchés pensent qu’elle sera inéluctable.

Pour la prochaine réunion de la Fed en juin, les données sur l'inflation, les indicateurs de l'emploi et les normes de prêt des banques seront des éléments clés à surveiller. Les négociations sur le plafond de la dette constituent un autre risque important. Si les pressions inflationnistes restent généralisées, que les offres d'emploi ne continuent pas à diminuer et que les négociations sur le plafond de la dette se déroulent bien en arrière-plan, une hausse en juin serait plus probable. En revanche, si l'inflation montre des signes de ralentissement général, si la contraction du crédit s'accélère ou si l'incertitude liée au plafond de la dette persiste, une pause serait très probable. Nous pensons qu'il est peu probable que la Fed envisage de réduire ses taux avant 2024. Cela contraste avec les attentes du marchés, qui s'attend à une baisse dans les mois à venir.

L'inflation reste élevée

La dynamique de l'inflation sera importante pour les valorisations des titres à revenu fixe en 2023, et nous prévoyons que les baisses finales de l'inflation de base seront positives pour les produits à long terme. Les données de l'indice des prix à la consommation (IPC) pour avril, publiées la semaine prochaine, devraient montrer une nouvelle hausse, principalement dans les catégories de l'essence et des véhicules d'occasion, mais l'accélération pourrait être de courte durée.

Entre-temps, les données réelles de l’économie américaine ne sont pas suffisamment claires pour permettre aux investisseurs et aux décideurs politiques d’orienter leur décision.  Les dépenses d'équipement ont baissé pour le deuxième trimestre consécutif, ce qui indique que les entreprises sont devenues prudentes quant aux perspectives, mais les dépenses des consommateurs, les dépenses publiques, ainsi que les exportations, ont été fortes au 1er trimestre 2023.Il faut également souligner que les récentes tensions bancaires ne sont pas encore apparues dans les données réelles, et qu'il est donc trop tôt pour tirer des conclusions des données.

Nous prévoyons donc que les États-Unis devraient entrer dans une légère récession lors du 2ème semestre 2023. Nous n’écartons pas toutefois la probabilité que le cycle économique se prolonge, ce qui augmenterait le risque d'une contraction plus forte à l'avenir.

En dehors du secteur bancaire, les signaux du marché ont également été contradictoires - la volatilité des actions s'est stabilisée en avril et s'est maintenue à des niveaux historiquement bas ; la volatilité des taux a également diminué par rapport à mars, bien qu'elle n'ait pas été aussi faible que la volatilité des actions. Les spreads de crédit restent historiquement serrés, et nous pensons qu'ils risquent de s'élargir lorsque les investisseurs commenceront à évaluer plus clairement les risques de récession.

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Sonia Meskin

responsable de la macroéconomie Etats-Unis chez BNY Mellon Investment Management

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